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DOCTOR MARGARITUS.

Et bien des fois, du soir à l’aube qui va naître,
Suivi comme une étoile en son cours régulier
Ta lampe de travail, ô mon jeune écolier !

Or, comme il finissait ces étranges paroles,
Je le vis tout à coup s’entourer d’auréoles,
Et les fleurs de sa robe, et les fleurs de sa main
Se mirent à grandir sur le bord du chemin,
Et s’unirent bientôt ensemble de manière
À former sur son corps un buisson de lumière.
Et sur ces tiges d’or et ces ardens rameaux,
Je vis de toutes parts accourir des oiseaux
Qui battirent de l’aile, et d’une voix sonore
Chantèrent leurs amours, le printemps et l’aurore,
Et tous ces gais refrains que dans l’air embrasé
Murmurent les oiseaux quand leur plume a poussé.
Et, comme je suivais l’étrange comédie,
Les uns ayant chanté selon leur fantaisie,
Les autres resplendi de bizarres façons,
Tout disparut, oiseaux, lumières et buissons.
Chaque fleur prit alors sa forme naturelle,
Chaque petit oiseau ployant le cou sous l’aile,
S’endormit jusqu’à l’aube, et mes regards troublés
Suivirent le docteur dans le sentier des blés.

iii.

Sitôt que du jardin j’eus franchi les limites,
J’entendis s’éveiller les reines Marguerites,
Et ce furent bientôt de bizarres concerts,
Mêlés de gais saluts et de propos amers ;
Mon nom courut alors de calice en calice,