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DES ARTS EN HOLLANDE.

de l’école hollandaise contemporaine. Peu de nos lecteurs soupçonnaient sans doute l’existence de ces héritiers de Ruysdaël, de Rembrandt, de Wouwermans, de Brauwer et de Van de Velde. Si les descendans ne sont pas à la hauteur des chefs de la lignée, plusieurs du moins ont le bon esprit de chercher à marcher sur leurs traces, et de refuser un grain d’encens au veau d’or de la mode parisienne. Il est probable que la prochaine exposition du Louvre contiendra quelques-uns des tableaux dont je viens de parler. J’ai, pour ma part, cherché à décider leurs auteurs, et à leur persuader cette maxime, que la gloire d’un artiste a besoin du grand air de la popularité. Les peintres belges ont promis de suivre le même exemple, et nous sommes heureux de pouvoir annoncer à l’avance, pour notre prochain salon, les belles compositions historiques de Wapers, et les inspirations plus douces d’Eugène Verboekoven, ce continuateur de Paul Potter. Paris verra s’ouvrir de la sorte un congrès d’artistes, où tous les pays de l’Europe enverront bientôt leurs plus illustres représentans.

Si la peinture offre, en Hollande, quelques chances de fortune et de bien-être à ceux qui la pratiquent, il n’en est pas de même de la sculpture. Dans tous les pays du monde, la sculpture se meurt depuis la fin du xvie siècle ; le temps des demi-dieux et des héros est passé ; le catholicisme lui-même a renoncé à la pompe de son culte ; les symboles de pierre et de marbre s’en sont allés avec les manteaux de pourpre et les sceptres d’or. Nous remontons aux temps druidiques. Quatre blocs de pierre suffiront demain pour loger les princes de la terre et du ciel. Le budget traitera Dieu comme un directeur général, ou comme un préfet. Que faire dès-lors de l’art de Phidias et de Michel-Ange ? Et puis le marbre et les grands hommes deviennent rares, et la patrie est économe dans sa reconnaissance ; l’inscription du Panthéon lui semble moins onéreuse que la décoration de ses caveaux.

Il en est de même partout. Quelle mine ferait dans les brouillards de la Hollande un héros de marbre blanc que l’atmosphère habillerait constamment d’un manteau de noir de fumée ? Le pudique protestant ne manquerait pas non plus de crier au scandale, s’il voyait introduire le luxe des arts dans ses temples ; il a déjà donné des preuves de son intelligence dans les églises catholiques qu’il