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l’on voit les portraits de Paul Potter et de sa femme. Ajoutez à cela un portrait de Terburg par lui-même, neuf Wouwermans, un Wynants, et une foule de beaux tableaux d’école, vous aurez en sommaire l’idée de la collection royale de La Haye.

Le musée d’Amsterdam doit sa fondation à Louis Bonaparte, et ce n’est pas l’un des moindres titres du souverain déchu de la Hollande à la reconnaissance de ses ex-sujets. Généralement, dans toutes ces provinces, on aime la mémoire du roi Louis pour tout le bien qu’il a fait ; et le gouvernement actuel, par une dignité noble et bien entendue, n’a jamais supposé qu’un souvenir aussi louable pût être blessant pour lui. Voilà de ces sentimens qui honorent à la fois un monarque et un peuple.

Ce musée de la seconde capitale du royaume n’est pas moins important que le premier. Il renferme les plus gracieux tableaux de Gérard Dow, au nombre de quatre, parmi lesquels la fameuse École, qui présente douze figures et cinq effets différens de lumière. On retrouve dans cette composition les qualités et les défauts du maître, une minutie puérile, compensée par une perfection sans égale. C’est bien là ce peintre monomane qui n’osait remuer sur sa chaise quand il travaillait, de peur qu’un grain de poussière ne vînt ternir la pureté de ses tons ; c’est bien là l’homme qui avouait un jour à Sandraert et à Bamboccio qu’il avait consumé trois grands jours à peindre un manche à balai ! Qui pourrait croire après cela que Dow fût élève de Rembrandt ?

Les quatre Mieris du musée d’Amsterdam, avec les deux Terburg et les deux Metzu, composent, en les joignant aux Gérard Dow, une espèce d’exhibition complète de cette petite école de détails et d’intérieurs si finement touchés, que les Hollandais estiment par-dessus toutes choses au monde. Metzu est cependant un Hercule pour l’audace et la largeur à côté de ceux que je viens de nommer ; c’est le Michel-Ange du genre. Et puis, son dessin est d’une rare correction, l’harmonie de sa couleur presque sans rivale. Ses figures ont du naturel ; ses étoffes sont coquettes sans être tourmentées. Les deux Terburg prennent rang parmi les plus ravissans qu’ait faits cet artiste, Lovelace voyageur, que la mauvaise humeur des maris de Madrid obligea de s’aller embarquer clandestinement pour