Eh bien ! puisque tu veux savoir qui a raison de toi ou moi, regarde-toi dans ce miroir.
Attendez ! je ne suis pas en garde.
Que veut dire ceci, jeunes gens ? je croyais que ce n’était pas pour arroser les fleurs de mon parterre que se tiraient des épées hongroises. Qui a donné lieu à cette dispute ?
Sacrée majesté, excusez-moi. Il y a telle insulte que je ne puis supporter. Ce n’est pas moi qui suis offensé, c’est mon honneur.
De quoi s’agit-il ? parlez.
Madame, j’ai laissé au fond de la Bohême une femme belle comme la vertu. Ce jeune homme, que je ne connais pas, et qui ne connaît pas ma femme, n’en a pas moins dirigé sur elle des railleries dont il fait gloire. Je proteste, à vos pieds, que ce soir même j’ai refusé de tirer l’épée, par respect pour la place où je suis.
Vous paraissez bien jeune, mon enfant ; quel motif a pu vous porter à médire d’une femme que vous ne connaissez pas ?
Sacrée majesté, je n’ai pas médit d’une femme ; j’ai exprimé mon opinion sur toutes les femmes en général, et ce n’est pas ma faute si je ne puis la changer.
En vérité ? Je croyais que l’expérience n’avait pas la barbe aussi blonde.
Madame, il est juste et croyable que votre majesté défende la vertu des femmes ; mais je ne puis avoir pour cela les mêmes raisons qu’elle.
C’est une réponse téméraire. Chacun peut en effet avoir sur ce sujet l’opinion qu’il veut ; mais que vous en semble, messieurs ? N’y a-t-il pas une présomptueuse et hautaine folie à prétendre juger toutes les femmes ? C’est une cause bien vaste à soutenir, et si j’y étais avocat, moi,