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forte, et son style a déjà de notables germes de passion et de dialectique.

Il est impossible de montrer plus de bonne foi et de désintéressement que la personne qui a écrit l’ouvrage intitulé : Du pacte social et de la liberté politique considérée comme complément moral de l’homme. L’auteur a fait distribuer son livre à tous les pairs, à tous les députés, à tous les professeurs et à tous les journalistes. Ses intentions sont estimables ; il veut réconcilier tous les partis ; il a inventé une constitution où se trouvent le pouvoir exécutif, deux chambres et une cour suprême. L’auteur est un honnête homme.

« Les philosophes chrétiens de nos jours ressemblent aux anciens philosophes de la Grèce et de Rome, qui s’accrochaient à tous les faits et cherchaient partout de quoi étayer et soutenir l’édifice croulant du paganisme. Les idées chrétiennes sont aujourd’hui dans la même position : il n’y a pas moyen de les défendre. L’autorité des grands hommes qui ont cru à ces idées, et les faits mythologiques des autres peuples qui ont de la ressemblance avec elles, sont de bien pauvres raisons pour les faire revivre, ces idées. » Tel est le thème que s’attache à développer l’auteur ou les auteurs d’une Critique du christianisme, ou impuissance des idées juives et chrétiennes pour l’organisation morale et sociale de l’avenir. Ce livre se publie par livraisons ; sur huit qui doivent le composer, deux seulement ont paru.

On peut remarquer dans la Critique du christianisme une impulsion énergique vers de nouvelles idées et de nouvelles croyances, et l’impossibilité douloureuse qu’éprouvent l’ame et l’esprit de se reposer dans les traditions vieillies et les dogmes surannés.

Nous y avons trouvé encore un sentiment vif et sincère des droits de l’humanité. Le droit de l’homme est relevé sur sa base, sa fierté légitime reconnue, et le joug de l’humilité chrétienne franchement secoué.

Mais il y a des points sur lesquels nous ne saurions tomber d’accord avec la Critique. Ainsi nous ne saurions souscrire à cette proposition que le christianisme et le catholicisme sont deux mots qui expriment une seule chose ; que l’un nomme la doctrine du