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DES PARTIS ET DES ÉCOLES POLITIQUES.

On vient d’esquisser le tableau des écoles opposées avant la catastrophe ; pour peindre ce qu’elles sont devenues, on n’a qu’à regarder autour de soi ; il n’y a qu’à recueillir ses impressions actuelles après avoir recueilli ses souvenirs.

L’école de droite, méconnaissant ce que l’accession aux affaires d’une classe nombreuse et nouvelle apporterait de force au gouvernement nouveau, jeta sur son berceau de prophétiques menaces, et les difficultés qui l’assaillirent tout d’abord semblèrent rendre témoignage à la nécessité d’un principe dont on s’était séparé dans un jour de fiévreuse colère.

Mais à mesure que le pouvoir nouveau résistait à des attaques réitérées, dont une seule avait suffi pour mettre en poudre le trône antique, sur les débris duquel il essayait de s’établir ; à mesure qu’il assura davantage l’œuvre de l’ordre public et de la paix européenne, il dut être démontré aux hommes de bonne foi qu’un changement immense s’était opéré dans la constitution de la société politique, et que la réaction vers le pouvoir de forces jusqu’alors hostiles contrebalançait tout au moins le terrible fait insurrectionnel dont surgit la monarchie nouvelle.

Puis il ne fut bientôt plus loisible de douter que des intérêts jusqu’alors considérés comme indissolublement liés au maintien du trône très chrétien gagnaient à une séparation qui mettait l’homme plus immédiatement sous la main de Dieu : rameaux sacrés étiolés sous l’ombrage, qui s’élèvent vers le ciel quand la tempête dégarnit le sol et laisse descendre le soleil.

Le pouvoir ayant résolu, dans les circonstances les plus critiques, le problème du maintien de la paix en France et en Europe, et l’opinion de droite se trouvant affaiblie par un divorce plus imminent chaque jour entre des intérêts transitoires et des vérités éternelles, le parti légitimiste se sentit atteint aux sources mêmes de sa vie. Pour essayer de ramener à lui la France, et faire de son principe représenté par l’innocence d’un enfant, le pivot d’une transaction, qui pouvait s’appuyer sur la prévision de calamités nouvelles, il aurait fallu une mesure dans les paroles, une habileté dans les actes, une moralité dans la polémique, dont ses organes paraissent avoir rougi comme d’une lâcheté.

Au lieu de prendre une attitude qui, sans enlever à l’avenir les chances auxquelles un parti ne peut renoncer par cela seul qu’il existe, assurait dans le présent une position honorable, dont tous les gens de bien auraient respecté l’austérité, la plupart de ces écrivains se sont montrés fiers comme le lendemain d’une conquête, menaçans comme à la veille d’une victoire, bruyans comme dans un jour de révolution, so-