Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 3.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
REVUE DES DEUX MONDES.

« Je nie d’abord, monsieur, très positivement et très formellement, qu’aucunes de mes paroles, pensées, actions, ou publications, aient jamais pu donner à vous ni à qui que ce soit au monde, le droit de me qualifier du titre de sectaire, et je vous prie, vous et vos lecteurs, de tenir note de celle dénégation formelle, positive et nécessaire. Ensuite il est de mon devoir et dans mes convenances de vous faire observer, monsieur, que n’ayant l’honneur d’être connu de vous ni personnellement, ni probablement par la lecture de mes écrits, rien n’autorise un homme poli, comme vous l’êtes très certainement, à prendre avec un autre homme, qui lui est tout-à-fait inconnu, le ton familier que vous prenez avec moi dans la courte mention de ma personne, citée plus haut.

« En ce qui concerne M. Ballanche, il est bien vrai, comme vous le dites, qu’il m’a fait en ce temps-là un assez grand nombre de visites, et il est tout simple, comme vous le dites encore, que M. Ballanche voulût avant tout rester lui-même. Cela est un droit incontestable que chacun conserve à ses risques et périls. Mais que M. Ballanche ait cru que j’aie voulu un seul instant le rendre moi, vous conviendrez, monsieur, qu’il y a là une pensée qui ne peut être que le fruit d’une imagination bien timorée et même plus que timorée.

Quant aux ouvrages de M. Ballanche, je les ai reçus tous successivement de sa main, à peu près à mesure qu’il les publiait, et personne ne sait mieux que M. Ballanche, ce que, en ma qualité d’auteur des Neuf Livres, j’ai le droit d’en penser.

Au reste, monsieur, l’objet spécial de cette lettre n’étant que la dénégation formelle et positive du titre de sectaire, qu’il vous a plu de me donner publiquement dans le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes, je compte sur votre délicatesse, pour la faire insérer textuellement dans le plus prochain numéro de ce journal.

Que si, contre mon attente, il vous convenait, monsieur, de donner quelque suite à cette discussion, j’aurais l’honneur de vous prévenir d’avance que pour toute réponse je m’en référerais uniquement à la présente dénégation, ayant bien soin toutefois de profiter, s’il y avait lieu, de vos observations, pour purger scrupuleusement mes publications passées et à venir, des plus légers traits qui pourraient, au moyen d’une interprétation malveillante, donner quelque lieu à la qualification fausse et désobligeante de sectaire, dont il vous a plu sans aucun motif de me tacher.

J’ai l’honneur d’être avec une considération très distinguée, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
F.-G. Coëssin.