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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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30 juin 1835.


La saison des foins rappelle dans leurs prés les représentans de la France. Le ministère lui-même va se disperser. Déjà M. Thiers a pris sa retraite aux portes d’Asnières, à peu de distance des ombrages royaux de Neuilly ; M. Guizot part demain pour Eu avec le roi, et M. le président du conseil parle quelquefois, avec un soupir, du calme et de la fraîcheur qui règnent dans son château de Broglie. C’est à qui fuira les affaires et gagnera les champs. M. Pasquier et la chambre des pairs se voient avec désespoir cloués sur leurs sièges, et demandent grâce aux détenus d’avril. Dans peu de jours, Paris sera désert, et c’est tout au plus s’il s’y trouvera assez de ministres pour expédier le courant des affaires.

Trois ministres manquaient déjà aux deux derniers conseils. Il s’agissait cependant du procès et de l’intervention. Pendant la petite et courte maladie de M. Pasquier, l’inquiétude avait été grande. On voyait la présidence des débats passer inévitablement à M. Portalis ou à M. Séguier, M. Bastard ayant refusé de remplacer M. Pasquier, et M. de Broglie se trouvant, par sa position, déchargé tout naturellement de ses fonctions de vice-président. Or, M. Portalis s’est trouvé, à cette occasion, fréquemment en mésintelligence avec le ministère, et la brusquerie, la bizarrerie de M. Séguier effrayaient la chambre. D’un autre côté, quelques nouveaux scrupules étaient venus tourmenter M. Pasquier au fond de son