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LA COMÉDIE AU IVe SIÈCLE.

Vers le même temps, Arcadius à Constantinople retrancha des solennités publiques la fête impure de Majuma, tout en consacrant, dans cette loi même d’abolition, l’inviolabilité des jeux publics[1]. C’étaient là les seules réformes que le christianisme au ive siècle eût encore obtenues dans les jeux païens.

Cependant le sacerdoce chrétien ne négligeait rien pour attirer à soi les imaginations séduites par les pompes de l’idolâtrie. L’église faisait appel à tous les arts, à la poésie, à la musique, à la peinture, à la sculpture, afin de dominer les ames par toutes les voies.

Même avant l’établissement public du culte chrétien, avant le ive siècle, où le sacerdoce put déployer ses pompes dans l’intérieur des basiliques et même au dehors dans de solennelles processions aux tombeaux des martyrs, dès la fin du iiie siècle, on voit, dans les discours des Pères que déjà l’église essayait de balancer, par la magnificence de ses liturgies, l’effet des spectacles païens et d’opposer son art naissant aux arts épuisés du polythéisme. On remarque même dans les éloquentes invectives des Pères contre la poésie et les spectacles de l’ancienne religion, comme une sorte d’émulation, et, si je l’ose dire, de jalousie d’artistes à artistes.

Voyez comme les Pères du iiie siècle opposaient déjà les mystères chrétiens aux mystères païens.

« Venez, disait Lactance, venez, je vous montrerai les mystères du Verbe et je vous les exposerai sous la figure des vôtres. C’est ici qu’il y a une montagne agréable à Dieu, couverte d’un ombrage céleste. Nos bacchantes sont des vierges pures ; elles célèbrent les offices du Verbe divin ; elles chantent les hymnes du roi de

    399, l’Histoire de saint Alamaque, ou plutôt Télémaque, martyr et saint allégorique dont le nom signifie la fin du combat.

  1. « Nous permettons les arts scéniques pour ne pas engendrer par leur suppression une trop grande tristesse. Mais nous défendons ce honteux spectacle à qui une insolente licence a donné le nom de Majuma. Donné à Constantinople, le 2 octobre sous le consulat du très illustre Théodose l’an 399. » Rescript. lib. 2 de Mujumâ cod. Theodos. La suppression de ce reste impur de la fête de Flore n’empêche pas que nous ne trouvions encore beaucoup plus tard, sous Justinien, les nudités les plus incroyables sur le théâtre.