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LA COMÉDIE AU IVe SIÈCLE.

portée par le christianisme sous Constantin, toute lutte ait dû cesser, et que le monde entier ait dû subir une transformation totale et soudaine. Ce n’est pas ainsi que procèdent les réalités ; croire possibles de pareils coups de théâtre, c’est ne pas connaître la force de résistance qui appartient aux idées, même vaincues.

Constantin commença par accorder à l’immense association chrétienne qui remplissait ses légions l’exercice public de ses rites, et lui permit d’élever plusieurs églises. Bientôt même son esprit violent passa de la protection du christianisme à la persécution de l’ancien culte : il fit abattre plusieurs temples païens ; il en ferma d’autres, ou les livra au culte chrétien ; il associa, en un mot, le christianisme à l’empire. Mais les idées païennes avaient si longtemps dominé les mœurs ; elles étaient tellement infiltrées dans les esprits, enracinées dans les institutions, que Constantin lui-même, malgré sa ferme volonté d’être chrétien, commit, durant son règne, une foule d’actes semi-païens. Ce prince eut si peu l’intelligence véritable du christianisme, qu’après la défaite de Maxence, il souffrit que les villes d’Afrique élevassent des temples à la famille Flavienne, et permit que le sénat de Rome lui décernât les honneurs divins.

Le fond de la politique de Constantin et de ses successeurs, en présence des deux croyances qui se disputaient le monde, fut, d’une part, d’accorder sans restriction au christianisme l’exercice de son culte ; de l’autre, de retrancher du polythéisme ce qui choquait le plus ouvertement les idées nouvelles comme, par exemple, les sacrifices. Mais, en même temps, ils crurent devoir accorder aux habitudes populaires le maintien des jeux publics et la célébration des solennités païennes qui se liaient aux institutions civiles ou aux coutumes domestiques.

Aussi, pendant toute la durée du ive siècle, les empereurs chrétiens, ceux même qui firent abattre ou fermer le plus de temples, Constantin, Jovien, Théodose, ne laissèrent pas de maintenir les jeux du cirque et de la scène. Zosime[1] nous apprend que Constantin, entre autres, embellit l’Hippodrome. Il y fit trans-

  1. Liv. ii.