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« La monarchie prussienne me présente dix millions d’hommes qui ont une histoire politique, militaire, intellectuelle, et une consistance indépendante, auxquels la Providence a donné au xviie et au xviiie siècle trois grands rois ; ces rois ont procuré à la Prusse un présent glorieux, et ont jeté les fondemens d’un avenir, peut-être plus grand encore… »

« Le bon homme se plaint de l’universalité du service militaire, je la tiens pour excellente. Il est excellent qu’il y ait une institution qui entretienne chez tous l’esprit guerrier ; qui développe chez tous les qualités guerrières, et qui habitue tout le monde aux privations, aux efforts et à l’égalité de l’obéissance. »

« La politique du prince de Metternich est frappée de paralysie ; il n’avait pas besoin, pour empêcher l’agrandissement de la Russie, d’opprimer la Grèce. »

Voici maintenant le tour du prince de Hardenberg : ce brillant ministre, chef d’une famille si riche en personnes distinguées et spirituelles, est ici maltraité par son plus cruel ennemi.

« Mon antipathie contre le chancelier ne repose pas sur un fait isolé : elle a pour motifs l’abandon de ses mœurs, qui l’entraînait à de mauvaises sociétés ; sa fierté, qui lui faisait écarter des affaires tous les hommes capables et indépendans, et le portait à choisir des hommes médiocres ou indignes ; sa fausseté, qui l’a toujours empêché de lier des amitiés durables ; sa prodigalité de la fortune publique, sa légèreté, ses connaissances superficielles, car il ne savait rien à fond. »

« Avez-vous lu les Extrêmes en politique d’ Ancillon ? L’ouvrage ressemble à l’homme ; cela sent le prêtre, cependant il y a de bonnes choses. »

Je citerai des choses disgracieuses pour la France : les peuples, ces nouveaux rois du monde, doivent savoir tout entendre.

« Les fanfaronnades françaises sont risibles. Si l’unité existe en Allemagne, les Français ne seront jamais en état de prendre la rive gauche du Rhin, comme le montre l’histoire même de Louis xiv. À cette époque, la constitution intérieure de l’Allemagne était beaucoup plus faible qu’aujourd’hui ; l’Autriche faisait la guerre en Hongrie et vit l’ennemi aux portes de Vienne ; dans le nord, la Suède appuyait la France ; la Prusse commençait à peine à se dé-