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du lendemain. Au lieu de laisser pénétrer par les portes, dans l’intérieur de la chambre, l’air nécessaire à la combustion, je fis poser un fort tuyau de cuivre communiquant avec l’extérieur, et j’obtins ainsi un double avantage, d’abord celui d’empêcher le froid de faire irruption dans l’appartement, ensuite de rendre l’air de celui-ci plus sec, le tuyau en question s’échauffant assez pour amener ce résultat.

« Au moyen de ces dispositions, la vapeur s’élevait avec plus de facilité, et se rendait dans les condensateurs, au lieu de se convertir en eau dans la chambre elle-même ; d’un autre côté, ce qui n’était pas moins important, les feux se maintenaient à un degré uniforme de combustion. Le fait suivant prouvera l’utilité des condensateurs : nous avions coutume de les nettoyer tous les samedis, et nous en retirions chaque fois une quantité de glace qui s’y était accumulée à raison d’un boisseau par jour, terme moyen ; cette glace représentait une quantité d’eau égale, qui eût été non-seulement fort incommode, mais encore réellement pernicieuse, si elle se fût répandue à l’état liquide dans la chambre.

Tout le gréement, y compris les moindres pièces, avait été démonté, nettoyé, numéroté, et mis en magasin. J’avais adopté le plan suivant pour le service et les repas de l’équipage. Il était divisé en cinq quarts ; les trois Contre-maîtres, l’ingénieur et le harponneur avaient, chacun à son tour, avec un matelot, la garde du pont, leur service consistant à veiller le feu, à signaler les animaux sauvages et les naturels, à tenir note de la direction et de la force du vent, des apparences du ciel et du temps, de la température, ainsi que des apparitions des aurores boréales. Les officiers, avec leurs domestiques, les charpentiers, les armuriers et le cuisinier, trouvaient assez d’occupations dans leurs fonctions respectives.

« Le déjeuner dont j’ai déjà indiqué l’heure, se composait de cacao et de thé, et le dîner avait lieu à midi. Quand le temps permettait de s’aventurer hors du bâtiment, les hommes travaillaient dehors, après ce repas, jusqu’à trois ou quatre heures ; si la chose était impossible, ils étaient obligés de se promener un certain nombre d’heures sur le pont à l’abri de la toiture. À cinq heures, ils prenaient le thé, et enfin à six heures ils assistaient à une école qui durait jusqu’à neuf. Celle-ci terminée, ils tendaient leurs hamacs et se couchaient à dix heures.

« Le dimanche aucun travail n’était permis. L’équipage se réunissait à dix heures, en grande tenue, et j’en passais la revue, après quoi on récitait des prières suivies d’un sermon. Pour occuper le reste du jour, il y avait une collection de traités sur divers sujets que nous avions reçue d’un ami au moment de notre départ, et dont le choix se trouva parfaitement judicieux. À six heures du soir, il y avait, comme le reste de la semaine, une école, et le jour se terminait par la lecture des psaumes