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VOYAGE DANS LES RÉGIONS ARCTIQUES.

Hudson. Ce grand marin, récemment engagé au service de l’Angleterre (1608), au lieu de suivre les traces de ses devanciers en se dirigeant au nord, fit voile à l’ouest en longeant la côte du Labrador, et entrant dans un détroit jusqu’alors inaperçu, pénétra dans l’immense baie ou plutôt la mer intérieure à laquelle son nom est resté, et où il devait plus tard trouver la mort. Abandonné dans un troisième voyage (1611) à la merci des flots par son équipage révolté, Hudson ne reparut jamais.

De 1611 à 1615, Poole, Button, Hall, Gibbons, Bylot et Baffin parurent sur la scène, mais revinrent tous sans avoir accompli leur mission. Plus heureux en 1616, les deux derniers, prenant la même route que Davis, et pénétrant bien au-delà du point atteint par celui-ci, s’avancèrent jusqu’au fond de la mer qui porte le nom de Baffin, et en reconnurent les rivages dans toute leur étendue. Peu s’en fallut même qu’ils n’enlevassent à leurs successeurs la gloire que quelques-uns d’entre eux se sont acquise, car ils eurent connaissance du fameux détroit de Lancastre ; mais le prenant pour une simple baie, ou du moins n’appréciant pas son importance, ils passèrent outre, et à leur retour ils émirent l’opinion que la mer immense dont ils venaient de déterminer les contours n’était qu’un golfe sans issue. Cette idée erronée a retardé de deux siècles les découvertes que Parry a eu le bonheur de faire de nos jours. À partir de ce moment, toutes les vues se tournèrent du côté de la baie d’Hudson. La gloire même de Baffin en souffrit par la suite ; la plupart des géographes effacèrent de leurs cartes une partie de ses découvertes, et ce n’est qu’à une époque récente que justice lui a été complètement rendue.

Aux expéditions nombreuses dont nous venons de parler, et qui avaient eu lieu à de courts intervalles, succéda une longue période de repos. Depuis le dernier voyage de Baffin jusqu’en 1631, quelques-unes se présentent encore, à savoir celles de Fotherby, Munk, Fox et James, mais toutes dirigées dans la baie d’Hudson et n’offrant rien de remarquable. Près d’un siècle s’écoula pendant lequel le passage semblait être oublié, et le seul événement ayant quelque rapport avec les régions arctiques qui mérite d’être signalé dans cet intervalle, est l’établissement, en 1668, de la célèbre compagnie de la baie d’Hudson. On espérait, lors de sa création, qu’intéressée par la nature de ses entreprises et sa position géographique à la recherche du passage, elle ferait quelques efforts dans ce but ; mais elle agit comme le font en général toutes les sociétés de marchands, qui n’ont d’autre objet en vue que le lucre : entièrement absorbée par ses opérations mercantiles, elle montra la plus complète indifférence à cet égard. Plus tard, les plaintes que cette conduite suscita, l’obligèrent en quelque sorte à sortir de son rôle étroit, et elle fit un ou