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qu’ils aient une idée précise de la question avant et après l’expédition du capitaine Ross. Nous regrettons de ne pouvoir mettre sous leurs yeux une carte qui leur fasse saisir dans leur ensemble ces terres arctiques dont aucune description ne pourrait leur donner une idée satisfaisante. Ils pourront y suppléer en consultant les dernières cartes de Brué, qui sont à cet égard les plus complètes que nous ayons.

Pénétrer dans les mers de l’Inde en traversant les mers du pôle boréal, est un projet dont l’idée remonte au commencement de ce xvie siècle si fécond en merveilles de tous genres, et il a été suivi dans l’origine avec une ardeur égale au moins à celle qu’il a excitée de nos jours. On a cherché à l’exécuter par trois voies différentes, au nord-est, en faisant le tour des côtes septentrionales de l’Asie ; au nord, en suivant la direction du méridien, et passant sous le pôle arctique ; enfin, au nord-ouest, en suivant les côtes boréales de l’Amérique. Nous n’avons pas à nous occuper des tentatives de la première et de la seconde espèce, qui n’ont jamais abouti à aucun résultat satisfaisant, et qui depuis long-temps n’ont pas été renouvelées.

Quant à celles de la troisième espèce, Colomb vivait encore que déjà de hardis navigateurs exploraient au nord les côtes du continent qu’il venait de découvrir. Jean et Sébastien Cabot (1496-1498), les frères Gaspard et Michael Cortereal (1500-1502) reconnaissaient les côtes du Labrador ; et le détroit d’Anian, découvert par les seconds, n’est probablement pas autre chose que celui qui conduisit plus tard Hudson dans la baie qui porte son nom. Entre ces voyages et ceux de Frobisher qui eurent lieu de 1576 à 1578, il en existe plusieurs autres de moindre importance, et dont des relations, plus ou moins complètes, se trouvent dans les anciennes collections de Ramusio, Hackluyt et Purchus, Aucun d’eux n’avança en rien la solution du problème. Frobisher, dont nous venons de parler ; eut le premier la gloire de faire des découvertes positives dans les régions arctiques, et l’une de ces nombreuses passes qui existent sur la côte occidentale du détroit de Davis porte encore son nom.

Davis vint ensuite, et fit trois voyages (1585-1587) dans le dernier desquels il assura s’être avancé jusque par les 73° lat. N., ce qui n’est pas absolument prouvé. Plusieurs points lui doivent les noms qu’ils portent encore aujourd’hui, et le détroit qui forme l’entrée de la mer de Baffin a immortalisé le sien. C’est de lui que date dans ces parages la pêche de la baleine, dont les mers du Groenland et du Spitzberg avaient été jusqu’alors l’unique théâtre. Nous passerons sous silence les efforts de Weymouth (1602), Hall (1605-1607), Knight (1606), qui n’ajoutèrent rien ou que peu de chose aux découvertes de leurs prédécesseurs, pour arriver au célèbre