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Mans, Honoratus d’Amiens, Ætherius de Lisieux, et Pappolus de Chartres. Parmi les autres, on voyait Raghenemod, évêque de Paris, Leudowald de Bayeux, Romahaire de Coutance, Marowig de Poitiers, Malulf de Senlis, et Berthramn de Bordeaux. Ce dernier fut, à ce qu’il semble, honoré par ses collègues de la dignité et des fonctions de président[1].

C’était un homme de haute naissance, proche parent des rois par sa mère Inghelthrude, et devant à cette parenté un immense crédit et de grandes richesses. Il affectait la politesse et l’élégance des mœurs romaines, il aimait à se montrer en public dans un char à quatre chevaux, escorté par les jeunes clercs de son église, comme un patron entouré de ses cliens[2]. À ce goût de luxe et de pompe sénatoriale, l’évêque Berthramn joignait le goût de la poésie et composait des épigrammes latines qu’il offrait avec assurance à l’admiration des connaisseurs, quoiqu’elles fussent pleines de vers pillés et de fautes contre la mesure[3]. Plus insinuant et plus adroit que ne l’étaient d’ordinaire les gens de race germanique, il avait conservé de leur caractère le penchant à la débauche sans pudeur et sans retenue. À l’exemple des rois ses parens, il prenait des servantes pour concubines, et, non content de cela, il cherchait des maîtresses parmi les femmes mariées[4]. Il passait pour entretenir

  1. Conjuncto autem concilio, exhibitus est. Erant autem episcopi qui advenerant apud Parisius, in basilicâ sancti Petri apostoli. (Gregor. Turon. Hist. lib. v, pag. 243.) — Ibid., lib. vii, cap. 16 et passim. — Adriani Valesii, rerum francic. lib. x, pag. 90 et seq.
  2. Hùc ego dùm famulans comitatu jungor eodem
    Et mea membra citò dùm veherentur equo.

    (Fortunati carmen ad Bertechramnum Burdigal. Episc., apud script. rerum francic. tom. ii, pag. 487.)

  3. Sed tamen in vestro quædam sermone notavi,
    Carmine de veteri furta novella loqui.
    Ex quibus in paucis superaddita syllaba fregit,
    Et, pede læsa suo, musica clauda jacet.

    (Ibid.)

  4. Greg. Turon. Hist. lib. viii, pag. 316. — Abstulisti uxorem meam cum famulis ejus, et ecce, quòd sacerdotem non decet, tu cum ancillis meis, et illa cura famulis tuis delecus adulterii perpetratis. (Ibid., lib. ix, pag. 352.) — Tùm