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VOYAGE EN ORIENT[1].
DE M. A. DE LAMARTINE.

Après un séjour de seize mois en Orient, M. de Lamartine vient de publier les notes recueillies pendant son voyage, écrites au jour le jour, en présence des hommes et des choses qu’il raconte. À l’en croire, il n’a voulu composer ni un livre d’enseignement, ni un poème ; il ne prétend ni à la science ni à l’inspiration. Ce n’est qu’à regret qu’il soumet à l’opinion publique ces feuilles éparses et qui jamais n’auraient dû être réunies. Pourquoi, face à face avec une conviction de cette nature, jugé par lui-même si sévèrement, s’est-il décidé à passer outre ? Croit-il que la multitude trouvera fertiles et dorées les landes qui semblent à sa pensée incultes et désertes ? Espère-t-il d’aventure que les débris du festin où il s’est assis seront encore pour le plus grand nombre une nourriture savoureuse ? Je ne sais. J’ai beau chercher en tout sens, j’ai beau interroger par voie d’induction et de conjecture la conscience du poète et du voyageur, je ne réussis pas à m’expliquer le motif de sa détermination.

  1. Librairie de Ch. Gosselin.