Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 2.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
REVUE DES DEUX MONDES.

les meilleurs. La femme du peuple et la grande dame sont peintes avec des couleurs heureusement exagérées, et une certaine amertume qui trouble parfois l’impartialité présumée de l’historien. En général, le reproche qu’on pourrait adresser à M. Émile Souvestre, c’est que le sentiment philanthropique nuit parfois en lui aux développemens de l’artiste ; on sent trop le moraliste sous le conteur, il marche trop l’œil fixé sur la conclusion de son histoire ; et cette préoccupation précipite trop sa marche et abrége ses développemens. Mais ce qui assure un succès distingué au livre de M. Émile Souvestre, ce sont des détails pleins de sensibilité, un style ferme et rapide, et enfin la moralité élevée sous l’inspiration de laquelle son livre a été conçu.


Isabelle de Bavière, de M. Alexandre Dumas, a paru, il y a quelques jours, chez le libraire Dumont. Nous reviendrons sur ce livre qui présente un tableau rapide et dramatique du règne de Charles vi.


— C’est aux femmes surtout que s’adressent les Scènes de la vie castillane et andalouse de lord Feeling. Ce volume, qui paraît aujourd’hui chez le libraire Charpentier, offre une suite d’esquisses gracieuses et coquettes, et se recommande principalement par l’analyse patiente du sentiment, saisi plutôt dans ses nuances et ses demi-teintes, que dans ses couleurs les plus vives et les plus accusées.


— Un de nos collaborateurs, M. Barchou de Penhoën, va publier, chez le même libraire, sous le titre de Mémoires d’un officier d’état-major de l’expédition d’Afrique, des souvenirs personnels relatifs à la campagne de 1830, où il accompagnait en qualité d’aide-de-camp le général Berthezène. Ce livre, que nous avons lu, se distingue par deux qualités rarement réunies, l’animation et la sagacité.


— Il doit paraître cette semaine chez Ebrard, libraire-éditeur, rue des Mathurins, no 24, un volume de poésies, intitulé Dernières paroles, où les amis de la réalité dans les peintures naturelles et morales trouveront plus d’un sujet de s’émouvoir. L’auteur, qui garde l’anonyme, ne pourra pourtant se dérober au souvenir qu’ont laissé certaines pièces insérées dans ce volume, et précédemment connues de quelques personnes. On ne saura méconnaître à cette lecture l’un des poètes les plus distingués de la génération littéraire de 1828, un de ceux auxquels il a été le mieux donné d’anoblir par l’art de véritables souffrances.


F. BULOZ.