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REVUE. — CHRONIQUE.

les docteurs Pasquier, de Guise, Thierry, Subervic, MM. Mérimée, Janin, quelques autres connus par des ouvrages distingués, fruits de sérieuses études, et l’humble écrivain de cette chronique, qui, tous, ne devaient pas se croire déplacés au milieu d’une assemblée de jeunes gens laborieux et instruits. Tels étaient les dandies qui entouraient M. Royer-Collard le jour de l’ouverture de son cours, et qui ont partagé avec lui les outrages dont on l’a poursuivi. Nous espérons que les gants blancs trouveront maintenant grace auprès de messieurs les étudians. Qui sait s’ils ne seront pas aussi tentés d’en porter un jour ? Nous en avons bien vu aux mains de sir Asthley Cooper et de Dupuytren.


— Depuis quelques jours, on voit au musée Colbert un dessin très remarquable de M. Chenavard, représentant le jugement de Louis xvi. Cette composition, exécutée à la mine de plomb, mais sur une échelle assez étendue, soutiendrait glorieusement la comparaison avec les meilleurs morceaux du salon de cette année. Un caprice du château a fermé les portes du Louvre à M. Chenavard : le portrait de Philippe-Égalité a paru séditieux à la clairvoyance complaisante du jury. C’est une puérilité bien ridicule, à coup sûr, de vouloir abolir l’histoire par un veto de M. Montalivet. Mais pour dénoncer de pareilles niaiseries, on ne peut monter jusqu’à la colère ; la raison publique s’en tient à la pitié. Le dessin de M. Chenavard, conçu et composé avec une gravité singulière, touche à la tragédie sans sortir visiblement des limites du procès-verbal. La scène historique dans toute sa simplicité suffit à tous les frais de la poésie. Déjà, dans son Mirabeau répondant à M. de Brézé, M. Chenavard avait montré ce qu’il peut faire ; il n’avait pas besoin de revanche. Il a marché, il a eu raison ; l’avenir ne manquera pas à sa persévérance.