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DE L’ÉCOLE FRANÇAISE.

diant ses derniers ouvrages. C’est que M. J.-V. Bertin a, dans ce qu’il fait, le sentiment de la simplicité et de la grace ; c’est qu’un certain parfum de l’antique émane de ses tableaux.

iv.

Je viens de faire, en faveur d’un homme de mérite injustement oublié par la critique, une exception à la règle que je me suis imposée de signaler dans l’exposition, non tout ce qui est bien, mais seulement ce qui indique une nouvelle direction d’idées. Ainsi je prie qu’on ne m’impute pas à mauvaise volonté la prétermission nécessaire de beaucoup de noms qui devraient trouver place dans une revue complète. Tel est le cas de MM. Giroux, Lapito, Rémond, Dagnan, et de Mlle Sarrasin, la Marphise de l’art dont Mme de Mirbel est la Bradamante. Mlle Sarrasin n’a point été au-delà de ses magnifiques études des Pyrénées ; M. Dagnan en est encore à sa fraîche forêt de l’an dernier ; M. Giroux n’a pas complètement dépouillé le vieil homme : il ne s’ensuit pas pour cela que j’accuse ces artistes et bien d’autres, d’avoir reculé.

J’attendrai, pour m’occuper sérieusement des peintres de marine, qu’un retour à la vérité forte se soit manifesté parmi eux. M. Gudin est toujours le Gudin d’autrefois ; M. Garneray se montre inégal ; les progrès de M. Mozin sont sensibles : il y a transformation complète chez M. Lepoittevin dont les eaux et le ciel sont vraiment très beaux : seulement n’oublions pas que M. Lepoittevin avait à revenir de loin, et qu’il n’est encore qu’à moitié de la route.

M. Granet, M. de Forbin, M. Dauzats, ont gardé leurs positions ; M. Perrot s’est porté en avant : sa vue intérieure du Campo Santo de Pise est non-seulement un chef d’œuvre de patience, un véritable monument d’exactitude ; c’est aussi un excellent tableau, un tour de force de perspective aérienne, et dont l’illusion vaut celle des dioramas. Une couleur plus ferme, un dessin plus hardi, se révèlent dans le Baptistère de Saint-Marc à Venise, peint par M. Aurèle Robert ; on voit de plus dans ce tableau des figures bien éclairées, bien disposées, et d’un beau caractère. M. Aurèle Robert s’est