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ALGER.

des querelles s’élèvent entre la régence et la France ; le dey nous déclare la guerre. La milice se transporte au palais : « Sans l’argent que les concessions françaises, dit-elle au dey, répandent autour de Bône, la province ne pourrait pas payer les tributs sur lesquels est assise notre solde. Avant de commencer une guerre, dont la ruine de ces établissemens serait la conséquence inévitable, tu vas donc nous prouver que tu n’as pas besoin, pour payer les janissaires, des tributs de la province de Bône. » La milice d’Alger ne professait point nos principes constitutionnels sur l’inviolabilité du prince, et, soit que tout le revenu de Bône fût nécessaire à la balance de ses comptes, soit qu’il se souvînt de Duquesne, ou qu’il craignît les conséquences de sa responsabilité, le dey renonça à ses projets contre nous ; mais il avait fait des préparatifs, et pour qu’ils ne fussent pas perdus, il déclara la guerre à la Hollande, ce qui fut approuvé de tout le monde. Après diverses alternatives pénibles, dont la plupart résultent de la situation politique de la France ou de mesures prises par son gouvernement, les concessions sont placées, en 1741, sous la direction d’une Compagnie d’Afrique qui se constitue à Marseille, avec un capital de 1,200,000 livres. Elles arrivent ainsi, en donnant des bénéfices souvent considérables, à l’année 1794, où la Convention fait verser au trésor public 2,048,248 livres provenant de la liquidation du fonds social de la compagnie[1]. Celle-ci, à l’époque d’une suppression dont

  1. Il n’entre pas, pour le moment, dans mon plan de discuter les circonstances commerciales dans lesquelles s’est trouvée la compagnie d’Afrique : je ne donne donc les détails qui suivent que comme un témoignage de la permanence et de la sécurité de ses relations avec les indigènes. Voici le relevé de ses inventaires de fin d’année pendant ses cinquante-quatre ans d’existence :

    1741 — 1,200,000 liv. 1749 — 1,077,807 
    1742 — 952,159 1750 — 1,218,593
    1743 — 956,871 1751 — 1,491,653
    1744 — 1,235,572 1752 — 1,402,182
    1745 — 1,171,444 1753 — 1,517,585
    1746 — 1,236,724 1754 — 1,488,073
    1747 — 1,180,832 1755 — 1,398,355
    1748 — 1,178,068 1756 — 1,552,644