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les Romains ne seraient pas à court de réponses : on leur sait toujours assez d’esprit pour cela, mais nous ignorons s’ils en trouveraient de bonnes. Ils veulent aujourd’hui se gouverner eux-mêmes ; nous les approuvons en ceci ; mais le gouvernement sacerdotal, qui connaît parmi les capacités beaucoup d’hommes cupides et corruptibles, se croit en droit de retenir le pouvoir, à titre d’ancienneté. Les prêtres, blanchis dans les intrigues, prétendent être plus propres aux affaires publiques que des laïques insoucians et dépourvus d’une éducation spéciale. Il est vrai que cette éducation, l’on a grand soin de ne pas la mettre à la portée des gouvernés, et que ceux-ci, d’un autre côté, ne semblent pas toujours fort empressés de profiter de celle qu’on leur offre. Disons, pourtant, que sur cette terre féconde, les professions qui demandent avant tout le concours de l’esprit et de la réflexion sont, au témoignage de notre auteur, bien remplies. Les avocats romains sont gens adroits, habiles à tourner à leur profit la faiblesse et la corruption des gouvernans, et l’oisiveté processive des gouvernés. Les médecins sont prudens, observateurs, et font avec grand succès la médecine expectante. Ils font cas de l’homœopathie, mais seulement à cause de son régime diététique.

Voici quelques-unes des réflexions de l’auteur sur le système d’éducation qui prédomine dans les États Romains.

« Rome se trouve dans une fâcheuse période de transition, même sous le rapport de l’éducation : on entrevoit que les idées anciennes ne suffisent plus, et l’on ne sait rien de meilleur à mettre à la place… En général, l’éducation se propose l’enseignement de formes douces et polies, le respect extérieur des usages religieux, et plutôt un savoir inutile et l’exercice de quelques talens d’agrément que le développement du caractère et de la force. On ne pratique point les exercices gymnastiques, qui seraient à peine tolérés, sauf un peu d’escrime. On ne trouve pas un maître d’équitation passable ; en revanche, on favorise beaucoup la musique, le dessin et la versification. Quelques parens envoyaient en conséquence leurs fils au collége de Fuligno où l’on donnait plus de soins à l’éducation physique, mais l’établissement aurait probablement été mis en interdit, si le tremblement de terre de 1832 n’eût dispersé tous les élèves… Si une révolution doit se faire en Italie, il faut, avant tout, donner à l’éducation de la jeunesse une direction différente, très grave, et qui habitue à une obéissance aveugle sous l’empire de lois raisonnables. Dans l’état actuel, tout travaille à la destruction du présent, et si le mors suffit à peine à retenir la jeunesse d’aujourd’hui, les entraves seront vaines un jour pour ceux qui sont encore enfans à cette heure. »

Voici maintenant le résultat :