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stacles que les masses surmontent toujours. Il trouve donc plus rationnel de les faire descendre la mer Noire et celles de Grèce, côtoyer les rives de la Méditerranée, puis remonter par l’Océan jusqu’à la mer du Nord, sauf à employer plusieurs années à cette pérégrination. Ses seules preuves sont des textes qui disent que les Goths étaient habiles en navigation. Du reste, il n’en rapporte aucun, ni même une seule tradition qui atteste l’apparition des expéditions gothiques sur cette immense étendue de côtes.

Quant aux institutions des peuples d’origine germanique, M. Meidinger a été plus heureux, parce qu’il s’appuyait sur des points de comparaison écrits et complets, sur les documens de législation anglo-saxonne : sous ce rapport, son travail est fort intéressant, mais il eût pu, à notre avis, l’étendre davantage ; car, si nous nous défions de la science conjecturale, nous ne saurions trop encourager celle qui s’appuie sur des textes, ces textes fussent-ils écrits sur la pierre ou sur le bois, comme les runes et les hiéroglyphes.

Au total, ce livre, qui indique les sources où peuvent puiser ceux qu’intéressent ces curieuses questions, peut être considéré comme un guide complet sur cette matière. Le style en est raisonnable, sauf quelques velléités sublimes auxquelles nous n’avons pas fait attention.

Rom in 1833 (Rome en 1833). 1 vol. Stuttgart.

Le Nord n’a point cessé de soupirer après le soleil du Midi, après la terre des orangers. Si, grâce à la civilisation et aux jalousies des puissances rivales, il ne peut plus prouver son amour par de fréquentes invasions, si les monarques n’osent plus exercer dans ces pays qu’une protection honteuse et dissimulée, leurs sujets continuent d’y suivre l’impulsion du moyen-âge, et perpétuent une sorte d’irruption, argent comptant. Malheureusement, les Allemands, gens économes, en veulent avoir pour cet argent, et, non contens de la jouissance réelle, ils prétendent la renouveler par les souvenirs. De là cette foule incessante de livres sur l’Italie. En France, le voyage en Italie n’est plus de rigueur ; c’est un luxe qui ne rehausse plus, un dandysme dont on ne vous tient guère compte, une preuve d’élégance qu’on ne vous demande pas. Avez-vous réellement fait ce pélerinage, vous n’êtes pas toujours bien venu à en parler ; vous l’êtes presque certainement mal à en écrire.

En Allemagne, c’est tout autre chose ; c’est de bonne foi que l’auteur publie et que le public lit un voyage en Italie. Celui-ci ne se lasse pas plus d’entendre les récits qu’on lui fait sur cette sensuelle Jérusalem, objet de