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CHANTS DE L’ITALIE.

son chapeau, et tout assistant qui possède quelque chose partage avec lui. Si, dans le cours de sa narration, il s’aperçoit qu’un étranger est venu grossir le nombre de ses auditeurs, alors c’est vers lui qu’il se tient constamment tourné, c’est à lui qu’il semble adresser son histoire, tendant le chapeau dans la crainte qu’il ne déserte avant la conclusion, mais continuant à parler sans la moindre interruption, et sans que ses autres auditeurs, si curieux ordinairement, daignent détourner un seul de leurs regards pour le porter sur l’étranger.

Je ne terminerai pas sans dire quelques mots de la danse en Italie. La danse, qu’il est si difficile de séparer de la musique et de la poésie populaire, peut, comme le chant, donner une idée des mœurs d’un peuple ; elle révèle ses habitudes de guerre ou de chasse, de pêche ou de vie agricole. Le nègre de la Côte-d’Or, qui boit le sang et mange la chair de son prisonnier, ne danse qu’autour de sa victime, et sa danse a un caractère brusque et farouche. Chez le Congo-Sénégalien, au contraire, qui se livre aux travaux des champs, la danse est une récréation, et en offre toute la grâce et l’abandon.

La danse nationale de l’Italie est la tarentella, qui doit son nom à la tarentule, espèce d’araignée dont la piqûre ne peut être guérie, dit-on, que par la danse. On explique cette guérison par l’abondante transpiration que provoque cet exercice, et qui ferait ainsi sortir le venin. D’autres prétendent que le nom de tarentella vient de ce que la piqûre de la tarentule imprime aux pieds et aux mains un mouvement semblable à celui qui caractérise cette danse.

La tarentella se danse au son de tous les instrumens répandus parmi le peuple, comme la guitare, la mandoline, le chalumeau, et surtout le tambourin, qu’on ne rencontre jamais que dans les mains d’une femme, comme autrefois chez les Hébreux, comme aujourd’hui encore dans les harems des musulmans. Les danseurs, qui ont constamment le regard fixé l’un sur l’autre, exécutent, en se balançant, les mouvemens les plus vifs et les plus voluptueux.

Outre la tarentella, on remarque, dans les îles de la péninsule, plusieurs danses d’origine étrangère que le peuple a conservées. Telle est à Ischia celle des Sarrasins, que les jeunes gens de l’île dansent avec des lances. En Sardaigne, la danse populaire est le