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Jehovah envoya donc ses anges sur la terre en leur disant : « Qu’il soit fait à chaque homme selon son désir. »

Et l’ange étant entré la nuit dans la demeure des hommes, et au nom de l’Éternel ayant interrogé leurs pensées, il n’en trouva qu’un seul qui désirât l’amour, et qui acceptât la mort sans crainte. C’était un de ceux qui n’avaient jamais rien demandé au Seigneur. Il vivait retiré sur une montagne, occupé le soir à contempler les étoiles, et le jour à nourrir les chevrettes et les chamois. C’était une ame forte et un des plus beaux parmi les anges terrestres.

L’ange du sommeil l’appela, et lui dit comme aux autres hommes : Fils de Dieu, demandes-tu la fille de Dieu ? Et cet homme, au lieu de répondre en frissonnant comme les autres : Que la volonté de Dieu soit faite, s’écria en se soulevant sur sa couche : Où est la fille de Dieu ? — L’ange répondit : Sors de ta demeure, tu la trouveras au bord de la source, elle vient vers toi, elle vient du sein de Dieu.

Alors l’ange disparut, et l’homme s’étant levé plein de surprise, se sentit accablé d’une grande tristesse, car il pensa que c’était un vain songe, et que la fille de Dieu n’était pas au bord de la source.

Cependant il se leva et sortit de sa demeure, et il trouva la fille de Dieu qui marchait vers lui, mais qui, le voyant venir, s’arrêta tremblante au bord de la source.

Et comme la nuit était sombre, et qu’il distinguait à peine une forme vague, il lui dit : Êtes-vous la fille de Dieu ? — Oui, répondit-elle, et je cherche le fils de Dieu.

— Je suis le fils de Dieu, reprit l’homme, vous êtes ma sœur et mon amour. Que venez-vous m’annoncer de la part de Dieu ?

— Rien, répondit la femme, car Dieu ne m’a rien enseigné, et je ne sais pourquoi il m’envoie. Il y a un instant que j’existe ; j’ai entendu une voix qui m’a dit : — Fille de Dieu, va sur la terre, et tu trouveras le fils de Dieu qui t’attend. — J’ai reconnu que c’était la voix de l’Éternel, et je suis venue. — L’homme lui dit : — Suis-moi, car tu es le don de Dieu, et tout ce qui m’appartient t’appartient.

Il marcha devant elle, et elle le suivit jusqu’à la porte de sa demeure, qui était faite de bois de cèdre, et recouverte d’écorce de