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CORNILLE BART ET LE RENARD DE MER.

— Bien, bien, jeune fils, reprit le marinier, mais plus bas, pour l’amour du ciel, plus bas, car vous béez bien comme un dom[1] qu’on veut peigner. Puis, s’adressant à un grave bourgeois coiffé d’un large feutre et vêtu d’un pourpoint à la flamande : — Et qu’ont fait les doms aujourd’hui, maître Belsen ?… — Nous défendent-ils aussi vaillamment qu’autrefois M. le comte d’Estrades, quand nous étions Français ?…

M. le maréchal de Hocquincourt a été tué dans une sortie, répondit le bourgeois, tué par une escoupéterie des enfans perdus de M. de Turenne, commandés par M. le comte de Soissons. C’est du moins le connétable de la confrérie des arbalétriers qui a dit cela au cabaret des Sept-Planètes, où j’étais tantôt, avant la vesprée ; il tenait la nouvelle d’un de ces maudits manteaux rouges de la compagnie de dom Antonio de la Cueva

— Oh ! là…. maître Belsen, voici encore une brave écharpe bleue[2] qui échappe à la hache du bourreau par une mousquetade ; aussi bien le seigneur maréchal avait le pronostic d’une fâcheuse étoile sur son visage, je l’ai bien vu le jour où il remit au capitaine de la colonnelle l’étendart de M. le prince,… un noble étendart de satin blanc, ma foi, tout cantonné de fleurs de lis d’or, avec une frange de soie isabelle et rouge[3] ; c’est ça qui aurait fait un fier tendelet pour le carrosse d’une galère capitane !…… ah ! et puis on avait peint sur l’étendart une grande flamme, qui sortait vivement d’un monceau de bois… et autour, pour devise… ah ! par ma foi ! pour devise,… des mots comme latins… ou même morisques… N’est-ce pas, maître Belsen ?…

    kerque, que les commissaires du roi de Navarre renouvelèrent le magistrat sans aucun trouble, et ceux qui avaient voulu abolir le filet saint l’année précédente en témoignèrent leur repentir ; ils promirent, en présence des commissaires, de ne plus s’opposer désormais à une coutume si louable, — de sorte que le filet saint, auquel la piété d’un pêcheur avait donné l’origine, et qui n’était qu’une obligation volontaire, devint une loi et un devoir, car le magistrat ordonna à chaque pêcheur d’en avoir un dans sa barque, et les comtes de Flandres même imposèrent cette coutume. Chronique de Dunkerque, in-4o, 1669.


    *(Marguerite, duchesse de Parme, et le comte de Barlaimont donnèrent ce nom de gueux aux religionnaires insurgés contre l’autorité de Philippe ii. Les religionnaires prirent ce mot pour le nom de leur faction, et s’appelèrent les gueux, et commencèrent à porter sur leurs habits la figure d’une écuelle de bois avec ces mots : serviteurs du roi jusqu’à la besace.)

  1. Un Espagnol.
  2. Couleurs de M. le prince de Condé.
  3. Couleurs des livrées de M. le Prince.