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Cet oiseau, qui habite toute l’année les États-Unis, est nommé communément cow-bird (oiseau aux vaches), parce que souvent on le voit dans les champs occupé à chercher sa nourriture sur les pas du bétail ; Viellot le désigne sous le nom de passerine des prés ; M. Cuvier le range parmi les moineaux. Wilson est le premier naturaliste qui ait décrit les mœurs de cet oiseau, et pour les faire connaître nous emprunterons ses propres expressions.

« J’avais, dit-il, maintes fois, trouvé, dans les nids de trois ou quatre espèces de petits oiseaux, un œuf qui différait par la taille et la couleur de ceux auprès desquels il était placé. J’avais remarqué qu’en quelque nid que cet œuf se rencontrât, c’était toujours même grosseur, même disposition de taches ; je me rappelais bien avoir entendu dire autrefois que la passerine des prés pond dans un nid étranger, mais on n’en parlait que d’une manière très vague ; enfin un beau jour j’aperçus une femelle de cette espèce dans le nid d’un gobe-mouche aux yeux rouges, nid qui est très petit, et construit si singulièrement, qu’on ne peut le confondre avec aucun autre. Soupçonnant alors son dessein, je me retirai doucement, de peur de l’effaroucher, et revenant peu de temps après, je trouvai l’œuf qu’elle venait d’y déposer, et qui ressemblait de tout point à ceux que j’avais déjà remarqués dans d’autres nids. Depuis ce temps, j’ai plus d’une fois trouvé le petit de la passerine dans les nids de différens oiseaux. Je l’ai vu, lorsqu’il était plus âgé, suivre ses pères adoptifs en voletant de branche en branche, et criant pour la becquée. Au moment où j’écris, j’ai sous les yeux une passerine qui a été nourrie par des fauvettes à jaune-gorge, dans le nid desquelles je l’ai prise il y a six mois. »

Habituellement la passerine des prés fréquente les pâturages et les lieux découverts, mais pendant la saison des amours on la trouve souvent dans des lieux écartés, rôdant autour des buissons et cherchant évidemment les nourrices auxquelles elle doit confier le soin de couver ses œufs et d’élever ses petits. Les nids dans lesquels Wilson a trouvé des œufs de passerine, diffèrent beaucoup les uns des autres, tant pour la construction que pour l’emplacement ; ainsi le cordon bleu niche dans le creux des arbres, et le moineau babillard dans les buissons de cèdre ; la fauvette à calotte dorée place sur la terre son nid en forme de four, la fauvette à jaune-