Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
REVUE DES DEUX MONDES.

que c’est le jeune coucou qui fait périr ses compagnons, non par malice et en les étranglant, comme l’avaient dit les anciens, mais en les étouffant de son poids, ou en les faisant tomber du nid dont il occupe bientôt à lui seul toute la capacité.

Albert savait bien que le jeune coucou a besoin, pour sa nourriture, de vermisseaux et non de graines, et par conséquent qu’il serait très mal hébergé dans le nid des ramiers. Il n’ose cependant dire que Pline et Aristote se sont trompés, et il aime mieux supposer qu’il existe une autre espèce de coucou, plus grande que l’espèce commune, et dont le genre de vie se rapproche davantage de celui des pigeons.

Plusieurs des écrivains encyclopédistes qui appartiennent à cette époque remarquable, Granvill, Arnauld de Villeneuve et autres, parlèrent aussi du coucou, car dans leurs livres rien ne devait être omis ; mais, sur ce sujet comme sur presque tout ce qui concerne l’histoire naturelle, ils ne donnèrent que le résultat de leurs lectures, et, j’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé, dans tout ce qu’ils disent de l’oiseau, un seul fait, un seul conte même, qui ne fût déjà consigné ailleurs.

Dans tous les ouvrages des naturalistes anciens, et dans ceux de leurs premiers imitateurs, on ne trouve, à proprement parler, aucune description ; aussi est-on quelquefois fort embarrassé pour savoir à quelle espèce doivent s’appliquer les renseignemens qu’ils nous ont laissés. Aristote avait désigné le coucou d’une manière assez reconnaissable, mais cependant il avait négligé d’indiquer une particularité de structure qui distingue cet oiseau de la plupart de ceux avec lesquels on pourrait le confondre, je veux parler de la disposition des doigts dont deux seulement sont dirigés en avant, et les deux autres en arrière. Il faut croire qu’il ignorait le fait, puisque d’une part lorsqu’il énumère les oiseaux chez lesquels s’observe cette conformation, il ne nomme point le coucou, et que de l’autre, il compare ses pieds à ceux de la colombe. Belon, au contraire, quoique séparant dans son livre le coucou des grimpeurs, a eu soin de faire remarquer la direction des doigts qui se trouve aussi convenablement exprimée dans sa figure. « Le coqu, dit-il, a les jambes pattues, c’est à savoir qu’il y a des plumes attachées par le dehors, qui lui couvrent les jambes jusque dessus les pieds