Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 4.djvu/750

Cette page a été validée par deux contributeurs.
750
REVUE DES DEUX MONDES.

grande, ni noble, ni profonde, ni distinguée, ni élégante, ni vaste, ni créatrice ; elle était spéciale. C’était un moule bizarre, et voilà tout ; une nature brutale, commune, énergique ; sans choix et sans goût, mais ardente ; pleine de ce feu grossier qui entête comme la tourbe et qui donne la nausée ; un esprit inventif, mais à faux, riche en mauvaises créations de mots hardis, en inutiles nouveautés d’images perdues, et en témérités dissonnantes du langage ; prodigue de sel comique sans philosophie et de métaphores échevelées sans poésie. Tout cela se serait-il épuré dans une vie moins fangeuse, moins tumultueuse, moins oppressée par les vices naturels et les vices acquis ? On peut le croire.

    E vivi e morti : d’Iddio mal non disse
    E si sensò col dir : Io non conosco.

    Qui giace estinto quell’ amaro tosco
    Che ogn’ nom vivendo col mal dir trafisse,
    Vero è, chè mal di Dio giammai non disse,
    Che si scuso dicendo, Io non conosco.


    Hic jace ! ille canis qui pessimus ivit in omnes,
    Dempto uno, quem non noverat ille Deo.

    Primorum mastix molli hac requiesco sub urna,
    Viventi cui mens irrequieta fuit.
    Nulli ego mortali, superis si forte peperci,
    Ignoti superi forte fuere mihi.


    Le temps par qui tout se consume
    Sous cette pierre a mis le corps
    De l’Arétin de qui la plume
    Blessa les vivans et les morts.
    Son encre noircit la mémoire
    Des monarques de qui la gloire
    Est vivante après le trépas :
    Et s’il n’a pas contre Dieu même
    Vomi quelque horrible blasphème,
    C’est qu’il ne le connoissoit pas.


    Finger non so benchè mentito et finto
    Sia in questa tela il mio vivace aspetto.
    Sforza, e flagel de’ Precipi soa detto