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L’ARÉTIN.

les peines de ses crimes, et recevoir des mains du bourreau un châtiment trop mérité[1].

Lui mort, ce fut une vraie pluie d’épitaphes latines, françaises, italiennes, dont on cherchera, si l’on veut, quelques-unes des plus remarquables, dans la note ci-jointe[2], et où l’on trouvera la même pensée épigrammatique, tournée, retournée et modifiée dans tous les sens. La grande auréole de sa gloire disparut presque aussitôt après sa mort. Les intelligences supérieures le renièrent pour modèle, Michel Montaigne, vers 1586, s’étonnait de la divinité qu’on lui avait conférée, ou plutôt de celle dont il s’était affublé lui-même en face de son siècle complaisant.

L’Arétin considéré comme écrivain.

Après tout, cet homme si déconsidéré, si loué, si oublié, mérite attention. Il se classe à part. Sa nature n’était ni élevée, ni

  1. Nuper Aretinus Venetæ se clauserat urbis
    Mœnibus ; undè velut celsa sublimis in arce
    Omnes Europæ ; reges figebat, acutis
    Incessens jaculis, et diræ verbere linguæ.
    Atque illum missis omni regione tyranni
    Placabant donis : tantum mala vatis avari
    Linguæ potest : at ei claræ tutela nec urbis
    Profuit, Ionio longe regnantis in alto.
    Non circumfusæ miserum texere paludes
    Quin meritas læso pœnas exsolveret orbi
    Terrarum, dignum vel haberet carmine funem.

  2. Condit Aretini cineres lapis iste sepultos,
    Mortales atro qui sale perfricuit.
    Intactus deus est illic, causamque rogatus,
    Hanc dedit : Ille, inquit, non mihi notus erat.

    Qui giace l’Aretin poeta tosco,
    Che disse mal d’ognun, fuor che di dio,
    Seusandosi col dir, non lo conosco.

    Qui giace l’Aretin, amaro tosco
    Del Seme uman, la cui liugua trafisse