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sions et instincts qui sont les mobiles réels des facultés de l’intelligence ; il marche davantage sur les traces d’Adam Smith, et nous donne sa théorie des sentimens moraux. Il distingue et discute successivement : 1o  les appétits, 2o  les désirs, 3o  les affections, 4o  l’amour de soi, 5o  la faculté morale. Quelque opinion qu’on garde après la lecture du livre sur la réalité de ces divisions qu’une philosophie plus forte trouverait sans doute moyen de simplifier et de réduire, ce qu’il faut reconnaître, c’est l’agréable et instructif chemin par lequel le philosophe nous a menés ; c’est cette multitude de remarques fines, judicieuses et ingénieuses, tempérées, qu’il a semées sous nos pas ; c’est ce jour si indulgent et si doux qu’il sait jeter sur la nature humaine en y pénétrant ; c’est l’émotion honnête qu’il excite en nous tout en nous apprenant à décomposer et à observer ; ce sont les heureuses applications morales et pratiques, le choix et l’atticisme des exemples, et les fleurs d’une littérature si délicatement cultivée à travers les recherches de la philosophie. Après l’examen et la discussion des mobiles, l’auteur aborde les devoirs et leurs diverses branches, devoirs envers Dieu, envers nos semblables et envers nous-mêmes ; dans ce traité sur la vertu, qui comprend tout le second volume, on rencontre les plus hautes questions de la nature humaine, aplanies avec cette aisance particulière à l’aimable philosophe, et accompagnées de digressions bien assorties. Tous les amis de la philosophie et d’une littérature ingénieuse et sérieuse voudront lire ces deux volumes, et sauront gré à M. Simon de nous les avoir fait connaître.

M. Damiron avec lequel nous sommes, bien malgré nous, en retard, a publié, il y a quelques mois (chez Hachette, rue Pierre-Sarrazin, 12), la seconde partie de son cours de philosophie : la première contenait la psycologie proprement dite ; le volume nouveau comprend la morale. C’est ainsi que Dugald Stewart, après sa Philosophie de l’Esprit humain, a publié sa Philosophie des Facultés actives et morales. Les personnes auxquelles s’adressent les écrits du philosophe écossais, devront désirer connaître l’ouvrage d’un des hommes qui cultivent en France avec le plus de distinction et de sagesse cette même philosophie transplantée par M. Royer-Collard. M. Damiron s’interdit peut-être un peu trop dans sa manière actuelle, plus scientifique et plus sobre qu’autrefois, les développemens et applications historiques ou littéraires dont le bon Dugald-Stewart orne et quelquefois recouvre son chemin ; mais nulle lecture n’est plus saine à l’ame, plus doucement pénétrante et persuasive, plus satisfaisante à tout esprit honnête et reposé que ce volume de M. Damiron. Les fines et justes observations y abondent ; l’auteur attribue quelquefois, je pense, à des vues de détail plus de valeur scientifique et de généralisation qu’elles ne