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REVUE
MUSICALE.

Le zèle de la troupe italienne est infatigable : deux mois sont à peine écoulés, et déjà six opéras ont été mis en scène, tous dignes d’être entendus trois fois, et remarquables par la beauté de la musique ou l’éclat inoui d’une exécution non pareille. À la Gazza ladra a succédé le Barbier, composition charmante et rajeunie encore par la verve entraînante et l’agilité du brillant Figaro ; ensuite nous avons entendu la Straniera et ses deux admirables cavatines, la Somnambula a passé comme pour révéler à ceux qui l’ignoraient encore tout ce qu’il y a d’expression douce et mélancolique dans cette voix de Rubini ; le maestro Campanone est venu à son tour, suivi de son poète, et les rires ont éclaté avec les applaudissemens. Enfin, aujourd’hui, voici Mose. Ô prodige ! le même homme qui, vêtu d’une façon grotesque, imitait hier à s’y méprendre la grâce affectée et les minauderies de la belle prima donna, revêt ce soir la robe grise du prophète, et chante au nom de Jehovah. Lablache, qui jouait Campanone, représente Mose ; son visage, si parfaitement ridi-