rieure du conseil et les difficultés sans cesse surgissantes à l’occasion de la présidence, pour comprendre que ces mêmes difficultés, plus vives et plus saillantes, se produisaient encore après la retraite subite du maréchal Gérard. Depuis la dernière session, M. Guizot et M. Thiers avaient grandi dans leur orgueil et dans leurs prétentions. À mesure qu’ils avaient balayé les hautes têtes, ils s’imaginaient s’être rehaussés d’autant, et leur conviction était qu’ils devenaient indispensables dans toute combinaison donnée. La question de l’amnistie, puis celle de la présidence nouvelle, jetaient une confusion inconcevable dans le sein du cabinet, et à ceci vint se joindre le choix d’un ministre de la guerre que chaque coterie voulait avoir pour elle afin de fortifier ses prétentions dans le conseil. Et ici les négociations recommencèrent.
Je dis qu’elles recommencèrent, parce que c’est une erreur de croire qu’elles n’étaient pas entamées ; déjà depuis long-temps on avait pourvu à l’évènement. M. Thiers se retourna, dit-on, encore vers M. Molé ; M. Guizot revint à son idée de présidence pour M. de Broglie, et des démarches séparées furent également faites pour le choix d’un ministre de la guerre dans le sens de l’opinion qu’on voulait faire triompher.
Les premières ouvertures directement faites à M. Molé par M. Thiers, portèrent, dit-on, sur ces bases : Voulez-vous la présidence du conseil avec le ministère de la marine ? Ce ministère, vous l’avez déjà eu en 1817, vous pouvez l’avoir encore. L’opinion générale est que M. Molé répondit qu’une telle offre ne pouvait être qu’une plaisanterie, parce qu’il n’avait aucune aptitude pour la marine, et que, si le roi jugeait qu’il eût une spécialité quelconque, tout en demandant le temps et la réflexion nécessaires, c’était celle des affaires étrangères, à laquelle il était naturellement appelé ; qu’au reste sa position était faite, et que, s’il entrait dans un ministère, il voulait en connaître et en former lui-même les premiers élémens, le mettre en rapport avec l’opinion parlementaire, s’entendre enfin avec les sommités des chambres.
Alors une seconde proposition lui fut envoyée : Voulez-vous être président du conseil sans portefeuille ? Il faut dire que le roi n’avait jusqu’ici aucune participation à ces offres qui toutes venaient du sein du ministère et par des individualités différentes. La présidence du conseil sans portefeuille eût assez convenu à M. Molé ; mais elle ne pouvait répondre à la volonté du roi, parce que, se réservant la présidence de fait et l’exercice d’une certaine autorité sur son conseil, Louis-Philippe devait voir avec déplaisir un président spécial du conseil des ministres sans département fixe. M. Molé ne voudrait-il pas exercer une présidence réelle, une influence directe ? Cette proposition en resta là. Le soir en amena une troisième ;