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LOUIS xiii ET RICHELIEU.

Car bien que nous allions en un pays plein de fumées et de subtiles cogitations, ceux qui viennent d’un climat où l’air est plus grossier, ne se peuvent repaistre de viandes si vaporeuses ; mais une nourriture plus solide est requise à leur subsistance : pour changer de nature en tous lieux, il faudroit estre comme le moderne seigneur de l’hôtel de Brissac, qui, ayant un estomac d’autruche, n’a pas laissé de vivre deux ans durant, dans des montagnes sèches et stériles (non sans apparence de miracle), de la seule pureté de l’air. Et ce qui semble plus estrange, est que cette merveille est arrivée sans qu’il perdist l’appétit des viandes plus solides, à la concoction desquelles ses facultés naturelles ont autant de disposition que jamais. L’affection que je vous porte m’emporte en des discours de votre génie. Cependant il vault mieux que je rentre au mien qui ne va que terre à terre. »


Douze ans après, il écrivait à la veuve de ce même marquis d’Effiat, à la mère du malheureux Cinq-Mars :


« Si votre fils n’étoit coupable que de divers desseins qu’il a faits pour me perdre, je m’oublierois volontiers moy-même, pour l’assister selon votre désir : mais l’estant d’une infidélité inimaginable envers le Roy, et d’un parti qu’il a formé pour troubler la prospérité de son règne, en faveur des ennemis de cet Estat, je ne puis en façon quelconque me mesler de ses affares, selon la prière que vous me faites. Je supplie Dieu qu’il vous console ! »