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L’ARÉTIN.

Les Amours de l’Arétin.

Paola, Laura, Angela Zaffetta, la contessa Madrina, Caterina Sandella, Angela Sarra, Franceschina, Paolina, Sirena, la Marietta dall’ Oro, la Chiara, la Margherita, Perina Riccia, etc. En voilà beaucoup, et ce n’est pas tout encore. Je vous fais grace du reste.

Notre homme a eu des amours de toutes les espèces ; sa carte de Tendre n’en finit pas, et la liste féminine qu’il déroule vaut la liste de notre vieil ami don Juan. Je ne vous parlerai point des amours les plus grossières ; la cuisinière de Rome suffit sans doute. À Reggio, il accompagnait Jean de Médicis dans ses excursions amoureuses, l’attendait sous le porche de ses maîtresses pendant la nuit[1], formait pour son compte et celui du patron des intrigues de toute espèce, afin de tenir compagnie à ce Jean Médicis, si facile dans ses mœurs et si difficile à contenter[2] ; — il allait, au milieu du mois d’août, briguer un regard de Laure, autre cuisinière de Reggio[3], et se rôtir, dit-il, au feu de ses fourneaux : — enfin c’était un homme qui avait tous les courages et tous les honneurs de son apostolat libertin

Nous pouvons, sans nous arrêter à ces degrés infimes de sa vie érotique, trouver dans une sphère moins ignoble une assez belle armée, qui lui appartient, de femmes et de fantaisies : amourettes légères, caprices d’un jour, frasques de jeunesse, tours joués aux maris, choix dictés par la beauté ou par l’esprit, préférences marquées, boutades d’orgie, affections presque paternelles, amours achetées et vendues (si celles-là doivent compter), amours de vanité et de parade ; puis, cantatrices et danseuses, filles de barcarols et de pêcheurs, veuves délaissées, grandes dames complaisantes ; cela ne vous étonne pas. — Mais attendez : — c’est qu’on y trouve aussi des sentimens sérieux et graves, un amour platonique, et, qui le croirait ? la passion la plus sentie, la plus profonde et la plus malheureuse. — Vous en jugerez.

Ils menaient une terrible vie à Reggio, lui et Jean de Médicis.

  1. T. 1, 242.
  2. T. 2, 82.
  3. Ibid.