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sept paquebots, neuf brigantins, quatorze goëlettes et quarante-neuf petits navires. »

« Voilà donc une possession coloniale qui, loin d’être une charge énorme pour la métropole, comme le sont les nôtres, est pour elle une source importante de revenus. À quelle cause tient un état de choses si contraire à celui qui subsiste dans nos colonies ?

« La liberté commerciale existe à Cuba, sauf quelques monopoles conservés par la mère-patrie, entre autres sur le tabac. Cuba n’est pas soumis à ce régime colonial adopté par la France, et qui n’est autre qu’une double prohibition, la métropole ne pouvant recevoir que de la colonie certaines des matières exotiques qu’elle consomme, et la colonie ne pouvant recevoir que de la métropole toutes les denrées ou matières nécessaires à sa consommation ou à son industrie.

« En 1827, il est entré dans le port de la Havane, capitale de l’île, 1053 navires jaugeant 169,278 tonneaux.

« Sur cette quantité, l’Espagne a envoyé 57 navires, jaugeant 5,412 tonneaux ; la France 48, jaugeant 9,815 tonneaux ; l’Angleterre 71, jaugeant 12,337 ; l’Amérique enfin, cette puissance si voisine de Cuba, et à qui, suivant les prescriptions et la politique restrictive et prohibitive, l’Espagne devrait, en raison de ce voisinage, prohiber toute relation avec sa belle colonie, l’Amérique a envoyé 785 navires, jaugeant 125,087 tonneaux ; et si l’on recherche quels sont les principaux objets de ce commerce si considérable, on voit que ce sont principalement des céréales. »

Un des résultats les plus importans de cette prospérité et de cette civilisation, produit par un système si libéral d’échanges, c’est que la population esclave, non-seulement est à Cuba dans une beaucoup plus faible proportion que partout ailleurs, mais encore que cette partie de la population y est traitée avec une grande douceur, et nulle part n’inspire moins d’inquiétudes. Il y a plus, il s’élève dans Cuba une population de moyens et de petits propriétaires qui fera nécessairement disparaître l’esclavage.

La liberté commerciale, à Cuba, n’a pas produit seulement une grande prospérité commerciale, mais une très florissante industrie. On sait que la Havane produit son sucre plus beau et moins cher qu’aucune des colonies anglaises ou françaises ; et ainsi, pour cette île comme pour la Saxe, se trouve établie l’influence de la liberté commerciale sur le développement de l’agriculture et de l’industrie[1].

  1. Il est un autre point du globe, l’île de Sincapour, à la pointe de la presqu’île de Malacca, où règne la liberté commerciale. Cette création toute nouvelle du génie anglais ne peut pas encore fournir de preuves de l’influence favorable que