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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

parfaitement lucides ; mais, d’instinct, elles voient que l’avenir est là, et elles y vont.


L’Amérique du Nord agissait aussi dans la ligne de ses intérêts, quand elle maintenait l’union de ses divers états menacée par une question de douanes. Quel moyen de conciliation lui suggéraient alors ses intérêts bien entendus ?

Un acte de liberté commerciale.

C’est par un amoindrissement des tarifs restrictifs de la concurrence étrangère qu’elle a combattu et vaincu cette récente et hardie tentative de déchirement suscitée par ses états agricoles contre ses états manufacturiers.

Le gouvernement fédéral, dans la vue de développer l’industrie américaine, s’était laissé aller à l’adoption des restrictions dans ses tarifs de douanes. Ainsi un tarif assez élevé pesait sur les fils et tissus de coton de l’Angleterre, pour protéger les fabriques de filature et de tissage de coton dans les États-Unis[1]. Mais le gouvernement fédéral n’avait pas songé que cette sur-excitation de travail produite par son tarif de douanes ne devait se développer que dans les états du nord, et non dans les états du midi,

  1. Un des citoyens que l’opinion américaine place le plus haut parmi ses hommes d’état, M. Camberleug, s’exprimait comme il suit, dès 1830, dans un rapport à la législature.

    « Le tarif de 1816 a été l’origine de toutes les erreurs que nous avons commises depuis. Nous avons dépensé des millions que notre commerce intérieur nous avait rapportés en cherchant à accroître nos richesses par des expériences insensées. Quelque bonnes qu’eussent pu être les intentions de ceux qui ont fait nos lois restrictives, ces lois ne peuvent tendre qu’à diminuer la consommation, augmenter l’impôt, et détruire le commerce. On croit communément qu’en conséquence de l’élévation des droits, nos manufacturiers sont actuellement dans une condition plus prospère qu’ils ne seraient si aucun changement n’était survenu dans nos lois. C’est une grave erreur. En jetant les yeux sur l’ensemble de l’Union, on voit que nous sommes aujourd’hui une nation tout aussi agricole et tout aussi peu manufacturière qu’à l’époque de l’adoption de la constitution.

    « Il est évident que nous sacrifions les riches ressources d’un pays jeune, en donnant un développement forcé à l’industrie manufacturière en opposition avec toutes les règles qui doivent diriger l’industrie. Depuis que le nouveau système est en vigueur complète, le changement devient annuellement et rapidement plus défavorable à notre navigation. La proportion du tonnage étranger au tonnage américain était en 1824 de 9 0/0, en 1825 de 10, en 1826 de 11, en 1837 de 14, en 1828 de 15 0/0. »