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DE LA RÉFORME COMMERCIALE.

entre ce pays et la France, et c’est en cela que réside son plus grand avantage. Je suis heureux de pouvoir dire qu’en ce moment la guerre entre les deux pays est peu ou point probable ; mais si quelque chose peut contribuer à rendre aux deux peuples la guerre impopulaire et ses maux évidens, c’est le développement de leurs relations commerciales… Quand je considère qu’il n’y a pas sur tout le globe deux peuples plus faits pour s’unir d’une indissoluble affection, c’est pour moi un sujet d’étonnement et de regret de voir les rapports commerciaux des deux pays si restreints… Je désirerais certainement voir étendre nos rapports avec la France de manière à rendre la guerre impossible entre les deux pays. La guerre est certainement le plus grand des maux. »

M. Robinson, représentant de Worcester, ville dont la principale industrie consiste dans la fabrication des gants, et qui est opposée à toute mesure d’affranchissement industriel, depuis la levée de la prohibition des gants français, M. Robinson parla contre la mesure proposée, et venant à ce qui concernait la France, il demanda qu’aucune concession ne lui fût faite qu’après s’être assuré d’un retour équivalent, et avoir conclu un traité sur des bases de réciprocité. « Nous avons déjà réduit, dit-il, les droits sur les vins et autres produits de la France ; mais elle, elle ne s’est en rien relâchée de son système prohibitif. »

Voici la réponse de M. Thompson sur ce point : elle mérite d’être méditée.

« Si la France n’entend pas ses intérêts, ce n’est pas notre faute ; ce n’est pas pour nous une raison d’imiter un si mauvais exemple, et de refuser d’acheter ses exportations : notre intérêt à nous est d’acheter ses produits, si nous pouvons les obtenir d’elle à meilleur marché que partout ailleurs…

« L’honorable préopinant soutient qu’il eût mieux valu d’abord négocier avec la France sur des bases de réciprocité que de commencer par changer notre législation commerciale ; mais ces négociations eussent été entravées d’innombrables difficultés. Je suis de l’opinion de feu M. Huskisson ; je pense, comme lui, qu’en offrant de négocier sur des matières commerciales, nous donnons de l’ombrage aux autres nations sur les motifs qui nous font agir, tandis qu’en adoptant dans nos rapports commerciaux une politique libérale, nous ferons taire bien des préjugés qui, malheureusement, ne sont que trop répandus sur cette matière, et nous engagerons d’autres pays à suivre l’exemple que nous avons donné.

« C’est en adoptant nous-mêmes un système de politique commerciale, sans en marchander l’adoption par les autres peuples, que nous les con-