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dans ces dégrèvemens accordés aux matières premières les plus usuelles dans le commerce et l’industrie, sont les mêmes que ceux qui président à la réforme des douanes. Parmi les droits d’excise supprimés par lord Althorp, il en était un qui rapportait près de 25 millions à l’Angleterre : c’était un droit sur la consommation et la circulation de la houille à l’intérieur. Ce droit indirect a été supprimé ; en même temps, le droit d’exportation sur le charbon a été réduit de 15 fr. à 4 fr. par tonneau ; à ce taux, il rapportait encore annuellement près de 1,500,000 fr. ; il vient encore d’être supprimé. M. Powlett-Thompson a obtenu enfin la sortie franche de droits de la houille, comme lord Althorp en obtenait la libre circulation à l’intérieur. La réforme dans le droit de douanes était plus difficile et est plus significative que la réforme dans le droit intérieur. La houille, en Angleterre, était l’un des articles dont les préjugés populaires, la vieille haine contre la France, réclamaient le plus vivement l’usage exclusif pour la consommation nationale.

Une des premières et des plus importantes mesures de renoncement au système prohibitif provoquées par Huskisson, était relative à une industrie où l’Angleterre avait une infériorité décidée sur la France, celle des soies. Ce ministre, qu’on accuse d’avoir caché une politique de piperie à l’égard des autres nations sous le grand nom de la liberté commerciale, vit ses jours menacés, son nom livré à l’exécration des masses, son image souillée, comme trahissant l’Angleterre au détriment de la France, par sa demande de la réduction des droits sur les soies et tissus de soie de France à leur entrée dans la Grande-Bretagne. Ce premier acte de liberté commerciale fut spontané de la part de l’Angleterre, et pour le consommer, elle n’exigea pas réciprocité de la part de la France.

Non seulement elle ne l’exigea pas, mais elle ne devait même pas l’attendre. Les premières mesures relatives aux soies datent de 1824 ;

    Taxes réduites. — Chanvre, drogues, assurances maritimes, coton et laine. (Le Ministère de la réforme et le Parlement réformé, page 27.)

    En 1830, avait été supprimé le droit sur la bière. Ce droit, ainsi qu’il résulte de documens parlementaires, avait rapporté, en 1828, 3,256,186 liv. sterl. ; en 1829, 3,055,453 ; en 1830, 2,345,000 liv. sterl.

    Montant des dégrèvemens des taxes ci-dessus mentionnées 
    3,335,000 liv. sterl.
    Suppression du droit de la bière (produit de 1830) 
    2,345,000
    Total 
    5,675,000

    Soit, en trois ans, 142,000,000 de revenus annuels.