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suzerain du département de l’Yonne. M. Roy porte une grande lucidité dans toutes les questions financières, un esprit exact, ne sortant pas de ce domaine circonscrit de finances, de droits, de balance industrielle et commerciale, et par conséquent l’ennemi de toute théorie qui va au-delà des expériences réalisées. Jamais dans ses discours il ne perce souvenirs ou regrets pour la branche aînée ; mais toutes les fois que l’occasion s’est présentée, il a défendu, comme son propre ouvrage, le système financier de la restauration. Ce que M. de Caux a fait pour la guerre, ces statistiques multipliées de la bonne gestion et administration de son département militaire, M. Roy l’a fait plusieurs fois pour les finances, et c’est sous ce rapport qu’il a rendu de grands services au parti légitimiste, un peu déclamateur, et qui n’entra jamais profondément dans la vie positive des affaires.

Je n’ai pris jusqu’ici que les têtes de parti dans les deux nuances qui composent les légitimistes dans la chambre, les uns hostiles au principe du gouvernement, les autres voulant au contraire en fonder un sans attachement personnel et exclusif pour une dynastie. Pour mieux faire comprendre ma pensée, je chercherai un point de comparaison dans la chambre des députés, pouvoir politique où les hommes et les opinions sont mieux dessinés. Il s’est formé à côté de M. Berryer, dans cette chambre, une nuance qui ne veut, en aucune manière, s’associer à ses votes hostiles, et qui prétend, avant tout, consolider un gouvernement, quel qu’il soit, sauf ensuite à disputer sur le chef qui y sera appelé. On s’est demandé, par exemple, où se placera M. Sauzet. Dirai-je que M. Sauzet a cherché à se faire un parti à lui, parti d’avenir, et qui pourra porter la victoire d’un côté ou de l’autre dans la chambre ? Toutes les fois qu’il s’agira d’épurer la morale du gouvernement, de faire entendre la voix des économies, la réforme sage et modérée, M. Sauzet, sans aucun engagement de dynastie, prendra la défense des sentimens généreux et de cette politique qui retentit au fond de toutes les consciences droites ; il ne sera pas assez absurde, si la fortune le porte à une position parlementaire, de la refuser indéfiniment sous de frivoles prétextes. À un talent élevé il faut de l’avenir. Aucun homme considérable ne se tue à plaisir. M. Sauzet, pas plus que M. Roy, M. de Caux, M. Mounier lui-même, ne refuserait le pouvoir, si le pouvoir lui arrivait avec les conditions de durée. Les légitimistes purs en sont encore aux répugnances ; c’est la partie arriérée du mouvement : plus tard, ils arriveront à la politique. Il y a donc parfaite intelligence entre cette fraction des deux chambres. Une autre nuance parmi les pairs veut singer le tiers-parti Dupin. J’arrive maintenant à elle.