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ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR.

DAME PLUCHE, entrant.

Vite, vite vite, qu’on selle mon âne.

LE CHŒUR.

Passerez-vous comme un songe léger, ô vénérable dame ? Allez-vous si promptement enfourcher de rechef cette pauvre bête qui est si triste de vous porter ?

DAME PLUCHE.

Dieu merci, chère canaille, je ne mourrai pas ici.

LE CHŒUR.

Mourez au loin, Pluche ma mie ; mourez inconnue dans un caveau malsain. Nous ferons des vœux pour votre respectable résurrection.

DAME PLUCHE.

Voici ma maîtresse qui s’avance. (À Camille qui entre.) Chère Camille, tout est prêt pour notre départ ; le baron a rendu ses comptes, et mon âne est bâté.

CAMILLE.

Allez au diable, vous et votre âne ; je ne partirai pas aujourd’hui.

(Elle sort.)
LE CHŒUR.

Que veut dire ceci ? Dame Pluche est pâle de terreur ; ses faux cheveux tentent de se hérisser, sa poitrine siffle avec force, et ses doigts s’allongent en se crispant.

DAME PLUCHE.

Seigneur Jésus ! Camille a juré. (Elle sort.)



Scène v.


Entrent le BARON et maître BRIDAINE.
MAÎTRE BRIDAINE.

Seigneur, il faut que je vous parle en particulier. Votre fils fait la cour à une fille du village.

LE BARON.

C’est absurde, mon ami.

MAÎTRE BRIDAINE.

Je l’ai vu distinctement passer dans la bruyère en lui donnant le bras ; il se penchait à son oreille, et lui promettait de l’épouser.

LE BARON.

Cela est monstrueux.