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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

l’habileté du fondeur, du ciseleur, du doreur, mais quel petit nombre d’objets pourraient être avoués par l’amateur des arts ? Combien, si de véritables artistes ont fourni les modèles, ne s’est-on pas appliqué à faire disparaître par la lime ce caractère élégant et un peu heurté que le talent imprime à ses ouvrages ! Que d’efforts enfin pour ramener les figures aux formes rondes, polies et dégradées, si goûtées du vulgaire ! Nous savons bien qu’il y a d’heureuses exceptions, et qu’il ne faut pas voir toute une industrie dans l’exposition ; mais encore faut-il la juger sur ce qui frappe partout nos regards.


L’orfèvrerie et la bijouterie donnent lieu à une exportation de près de deux millions. Aucune nation ne peut lutter contre nous pour le fini, le bon goût et le bas prix de la main-d’œuvre de ces brillans produits ; et nous nous reprocherions de ne pas signaler les succès que des hommes industrieux et recommandables ont obtenus en faisant revivre pour nous les nielles du moyen âge. Véritables artistes, ils ont exécuté avec un goût exquis des coupes, des coffrets, des manches d’épée, et divers objets qu’ils ont habilement enrichis de pierres précieuses.

Le plaqué d’argent, dont l’exportation va à près de deux millions et demi, a acquis, depuis les précédentes expositions, encore une nouvelle supériorité, et notre industrie en ce genre arrive graduellement à la perfection.

Nous exportons pour plus de cinq millions d’horlogerie, et l’exposition de 1834 a été recommandable sans indiquer de bien grands progrès faits dans cet art. La France reçoit une grande quantité de mouvemens bruts de l’étranger. Le bon marché de l’existence et la division du travail permettent de les établir à bas prix ; mais l’habileté de l’ouvrier français est ensuite nécessaire pour l’assemblage d’une pièce d’un bon usage courant. La perfection existe plus communément en Angleterre, et on y est plus exigeant à cet égard ; il en résulte que la différence de valeur amène une plus grande consommation de nos produits. En bijouterie, plaqué d’argent et horlogerie, la Grande-Bretagne n’a exporté en 1832 que pour 4,300,000 francs. Les goûts d’une nation sont ainsi, à un certain point, le régulateur de son commerce extérieur. Les Anglais veulent des montres plus parfaites, ils en exportent pour une moindre valeur que nous qui nous contentons d’une qualité relativement suffisante ; mais ils prennent leur revanche sur tant d’objets !


Les autres ouvrages de métaux divers, les machines et métiers fournissent à l’exportation quatre millions à quatre millions et demi, et la cou-