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DE L’INDUSTRIE MANUFACTURIÈRE EN FRANCE.

nuel de 30,000 kil. en 1818-19, et, après quelque variation dans ce chiffre, de 31,000 kil. en 1830-32.

De semblables considérations et les mêmes changemens du tarif s’appliquent aux deux qualités de scies dont on a reçu 27,000 kil. en 1818 et 25,000 kil. en 1830-32.

On voit que l’élévation des droits n’a rien changé à la nécessité des importations, parce que les outils sont une chose indispensable à l’ouvrier, et que l’exorbitance de l’impôt n’a pu amener les fabricans français à en établir qui pussent satisfaire les besoins de ceux qui les emploient. Les quantités importées restent au même niveau, seulement on a prélevé sur le salaire des classes pauvres le moyen de répondre aux exigences d’un droit protecteur. Les seules parties constituantes des articles dont nous venons de parler sont le fer et le bois, avec plus ou moins d’une main-d’œuvre souvent assez grossière, et les taxes varient de 60 francs 50 cent. et 95 francs jusqu’à 234 francs le quintal métrique, c’est-à-dire bien au-delà de ce que paient la majeure partie des denrées exotiques précieuses que le commerce introduit pour la consommation des classes riches.

Si un tarif modéré et sage eût été établi, peut-être l’importation des outils étrangers se serait-elle accrue avec le développement du travail en France. Nous avons peu de foi aux calculs des valeurs officielles dont se sert l’administration, l’époque où elles ont été établies est déjà éloignée, et la production améliorée est partout moins coûteuse ; nous trouvons cependant, en les prenant pour base, que les droits ont été de 78,000 francs sur une valeur de 120,000 francs d’outils rechargés d’acier venus de Prusse, d’Angleterre et de Belgique en 1832. Où en sont donc nos fabricans d’outils, pour qu’un droit de 66 pour 100, qui, dans notre opinion, est de 100 pour 100, n’ait pas empêché cet acquittement ? Quoi ! on leur donne pour prime la valeur de l’objet produit, et cela ne suffit pas ! Que devient alors le droit protecteur, si ce n’est une taxe directe sur l’emploi des outils, sur le travail, sur l’industrie ? Cette taxe, réunie à celles que nous imposons aux matières premières, exerce, comme nous continuerons à le démontrer, l’effet le plus fâcheux sur notre production industrielle. On a voulu tout protéger, on a réussi à tout étouffer, à rendre surtout la production coûteuse, et pour avoir renoncé à acheter de l’étranger, nous avons augmenté la difficulté de lui vendre.


Si nous regardons comme un mauvais acte d’économie politique, la mesure qui a porté une taxe exagérée sur les outils de l’ouvrier, sans parvenir à les faire remplacer par des outils faits en France, nous jugerons tout aussi sévèrement l’impôt sur les laines adopté dans le but, non de favo-