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donner à la place qui leur était assignée, nous regardons comme incomplète la série de cette partie de l’exposition, et nous en augurerions volontiers que la France est plus riche en ce genre qu’elle n’a dû le paraître, quoique bien loin encore du point où elle doit arriver. Les arts industriels ne peuvent avancer qu’avec le secours de la mécanique, et les mesures qui faciliteront cette branche importante réagiront sur toutes les autres. Abaissement du prix des matières, instruction des ouvriers, bonne direction des capitaux, c’est là ce qu’exige la prospérité future de la France.

Les machines à vapeur qui ont figuré à l’exposition, les presses à huile, la machine à broder et la machine à auner, les bancs à broches pour la filature du coton et pour celle de la laine, la belle presse monétaire et la presse à imprimer de M. Thonnelier, l’engrenage d’impression au cylindre à trois couleurs pour les toiles peintes, attestent, avec une foule d’appareils plus ou moins ingénieux, une recherche sérieuse des effets obtenus par les combinaisons de puissance et une étude heureuse des procédés en usage chez nos voisins.


Une partie de l’exposition qui nous a le plus aidé à nous rendre raison des obstacles qui s’opposent encore au développement de la mécanique est celle où on a essayé de nous donner une idée de la puissance métallurgique en France. Hélas ! nous manquons de cuivre, de plomb, d’étain, de zinc, et nos exploitations de fer, protégées dans la vue du profit qui pouvait en résulter pour les propriétaires de forêts, ne nous fournissent qu’à un prix exorbitant le plus nécessaire et le plus précieux des métaux. La législation française a cherché le moyen d’augmenter la production intérieure du fer en adoptant des dispositions qu’elle a cru favorables aux entrepreneurs de cette industrie, et elle n’a été en définitive avantageuse qu’aux propriétaires de combustibles. C’est cette classe qui a recueilli, au détriment du pays, tout le fruit du droit prohibitif sur lequel on éprouve aujourd’hui tant de difficulté à revenir.

La France a accueilli un système particulier sur les droits des fers. Elle impose à un taux plus élevé le fer de la moindre valeur, celui qui est fabriqué à la houille, et qui ne convient pas à tous les emplois. Aussi l’importation, en 1832, n’a-t-elle été que de 178 tonnes (de 1,060 kil.), sur un acquittement total de 5,806 tonnes. Le pays a reçu, dans cette même année, 6,800 tonnes de fonte brute de l’étranger, et 676 tonnes d’acier. La production locale, correspondante à cette époque, a été évaluée à

225,250 tonnes de fonte ;
9,000 tonnes de fer obtenu du minerai ;
dont l’emploi a eu lieu sous toutes les formes.