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12 juin. — Nous passâmes toute cette journée dans la prison de Calais. Nous eûmes une bonne chambre et de bons lits. Le geôlier et sa femme sont d’excellentes personnes. La nourriture un peu chère, mais nous payâmes sans regret, nous avions été traités avec bonté !

13 juin. — Ce matin, un commissaire et deux agens de police nous accompagnèrent au port, afin de nous mettre à bord d’un misérable bateau de pêche, le gouvernement français ayant consenti à payer la somme de trois francs pour le passage de chacun de nous. Indigné d’un tel traitement, je déclarai à l’officier que le gouvernement français agirait avec plus de dignité en nous faisant fusiller sur le rivage plutôt que de nous exposer, dans un méchant bateau, au danger évident de périr en mer. L’officier nous menaça d’employer la violence ; nous résistâmes, et nous fûmes conduits devant le maire de Calais. Je lui exposai avec énergie la conduite lâche et barbare du gouvernement français, nous contraignant par la force de nous expatrier en Angleterre, sans nous laisser le choix du lieu de notre exil. Comme hommes et comme étrangers, nous protestâmes à la face de l’Europe contre cette violation des droits des nations et de ceux de l’humanité. Le maire fut sourd à nos réclamations, mais, comme faveur spéciale, ordonna aux gendarmes de nous mettre à bord d’un paquebot. Ils donnèrent nos passeports au capitaine, avec l’ordre de nous débarquer à Douvres, comme si les côtes d’Albion étaient une colonie française et un lieu de déportation à la disposition du roi-citoyen. Nous débarquâmes à cinq heures, et maintenant nous jouissons de la liberté !…
Allemandi, Vairetti (E.), Antongina (J.).


Les Hirondelles, par M. Alphonse Esquiros[1], sont un recueil de poésies détachées qui expriment les divers élans d’un jeune cœur et comme son premier essor au printemps. Ce qui distingue ce recueil entre beaucoup d’autres qui paraissent journellement, c’est une inspiration naturelle et vraie, même sous les réminiscences de formes auxquelles le jeune poète n’échappe pas toujours. Le fonds de ces rêves, de ces plaintes, de ces enthousiasmes, est bien en propre à la jeune ame adolescente qui les produit ; c’est une première moisson qui en fait espérer d’autres. M. Esquiros n’a qu’à approfondir sa nature et à ne pas la dépasser ; il a en lui matière de poésie.

— La 3e  livraison de l’Histoire de la Réforme, de la Ligue et du règne de Henri iv, par M. Capefigue, vient de paraître. Nous examinerons bientôt avec la plus sérieuse attention cette importante composition historique ; les documens les plus nouveaux y sont jetés à profusion. Les 5e  et 6e  volumes publiés comprennent les évènemens de la ligue, l’histoire du gouvernement municipal de Paris, Rouen, Bordeaux, Marseille, Toulouse, Lyon, durant l’union catholique, la fédération politique avant l’avènement de Henri iv.

M. Quatremère de Quincy vient de réunir en un beau volume in-8o les Notices historiques qu’il a lues à diverses époques dans les séances publiques de l’Académie des Beaux-Arts, dont il est secrétaire perpétuel. Ce volume renferme des biographies curieuses et des appréciations artistiques des membres ou associés de l’Académie morts pendant ces vingt dernières années.

— Nous avons à rectifier deux fautes qui se sont glissées dans notre dernière livraison : page 456, ligne 13, au lieu de communes, lisez connues ; page 469, ligne 13, au lieu de à ce sujet, lisez à regret.


F. BULOZ
  1. Chez Renduel, rue des Grands-Augustins, 22.