Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 3.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR.

la plus suave harmonie, et il me semble assister à un concert où le violon joue mon cœur soupire pendant que la flûte joue vive Henri iv. Songez à la discordance affreuse qu’une pareille combinaison produirait. Voilà pourtant ce qui se passe dans mon cœur.

DAME PLUCHE.

Je l’avoue ; il m’est impossible de blâmer Camille, et rien n’est de plus mauvais ton, à mon sens, que les parties de bateau.

LE BARON.

Parlez-vous sérieusement ?

DAME PLUCHE.

Seigneur, une jeune fille qui se respecte ne se hasarde pas sur les pièces d’eau.

LE BARON.

Mais observez donc, dame Pluche, que son cousin doit l’épouser, et que dès lors…

DAME PLUCHE.

Les convenances défendent de tenir un gouvernail, et il est malséant de quitter la terre ferme seule avec un jeune homme.

LE BARON.

Mais je répète… Je vous dis…

DAME PLUCHE.

C’est là mon opinion.

LE BARON.

Êtes-vous folle ? En vérité, vous me feriez dire… Il y a certaines expressions… que je ne veux pas… qui me répugnent… Vous me donnez envie… en vérité, si je ne me retenais… Vous êtes une pécore, Pluche ! Je ne sais que penser de vous.

(Il sort.)


Scène iv.


Une place.


LE CHŒUR, PERDICAN
PERDICAN.

Bonjour, amis. Me reconnaissez-vous ?

LE CHŒUR.

Seigneur, vous ressemblez à un enfant que nous avons beaucoup aimé.