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REVUE. — CHRONIQUE.

ver à son terme ; ensuite une réunion de savans spéciaux qui consentissent à se répartir entre eux un fardeau qui eût été au-dessus des forces d’un seul homme. Tout cela s’est trouvé réuni à souhait. Lorsqu’on jette les yeux sur la liste des collaborateurs de cette collection, et qu’on y voit des noms tels que ceux de MM. Frédéric Cuvier, Blainville, Decandolle, Dejean, Lesson, Desmarets, Walckenaër, Duméril, autour desquels se groupent ceux de quelques-uns de ces jeunes gens studieux, espoir de l’avenir, et qui comptent déjà dans le présent, que faut-il attendre de cette union de la maturité et de l’ardeur juvénile, du savoir dans sa plénitude et de celui plein d’une sève vigoureuse, sinon une de ces œuvres qui ne paraissent qu’à de longs intervalles, et qui prennent rang parmi les monumens d’une époque ?

Les cinq volumes de cette collection déjà livrés au public ne démentent pas les espérances qu’avaient fait concevoir les noms des savans qui précèdent. Deux sont consacrés à la botanique, et sont l’ouvrage de M. Spach, jeune botaniste dont le mérite était enfoui au Jardin des Plantes, et qui vient, par ce travail, de prendre place parmi les plus habiles. À la nomenclature, indispensable, mais un peu aride de sa nature, M. Spach a joint des renseignemens complets sur les propriétés salutaires ou malfaisantes des végétaux qu’il a décrits, leurs usages domestiques et le mode de culture de ceux qui sont l’objet de nos soins ; en un mot, il a fait un traité où les plantes exotiques et européennes sont envisagées sous le double point de vue scientifique et économique. Près de 1,800 plantes sont décrites dans ces deux volumes, parmi lesquelles aucune de celles qui embellissent nos jardins ou qui sont de quelque utilité dans les arts et la médecine n’a été omise. Je ne connais aucun livre de botanique qui en renferme autant dans un si petit espace.

M. Duméril a soutenu son ancienne réputation dans un premier volume sur la classe des reptiles ; il a trouvé le moyen d’être neuf même après les travaux de Cuvier. Ses considérations générales sur l’organisation de ces animaux sont empreintes de ce bon sens et de cette extrême lucidité qui caractérisent tout ce qui est sorti de sa plume. M. Duméril a eu du reste à sa disposition des matériaux tels qu’aucun savant étranger à la France ne pourrait en recueillir de pareils. Le muséum d’histoire naturelle possède aujourd’hui environ 900 espèces de reptiles. C’est trois fois plus que du temps de Lacépède, qui, dans son grand travail sur ces animaux, n’en a mentionné que 292 ; et quarante ans se sont à peine écoulés depuis que Lacépède écrivait leur histoire ! Qu’on juge par ce seul fait de l’impulsion prodigieuse qu’ont reçue dans cet intervalle les recherches des naturalistes !

Un autre volume traite des crustacés, c’est-à-dire de ces animaux dont le homard, l’écrevisse, les crabes font partie. Linné en avait à peine connu une centaine qu’il avait classés parmi les insectes. Aujourd’hui nos collections en contiennent près de 1,500, et chaque jour on en découvre de nouveaux et infiniment petits, partout où il existe des eaux stagnantes ou qui forment des ruisseaux. La manière dont l’auteur de ce volume, M. Milne-Edwards, a traité son sujet est un modèle d’analyse en fait d’anatomie et de physiologie. Cet éloge est d’autant moins hasardé, qu’il est d’accord avec la mention très honorable que l’Institut a déjà faite de ce travail.

Un premier volume sur les insectes, par M. Macquart, et qui traite de ceux qui composent l’ordre des diptères, c’est-à-dire qui n’ont que deux ailes, tels que nos mouches communes, les taons, les cousins, que tout le monde ne connaît que trop, ne peut que donner l’idée la plus avantageuse dont l’entomologie sera traitée dans la collection. Les animaux dont cette