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REVUE DES DEUX MONDES.

Si l’avenir révise avec quelque sévérité la gloire poétique de Malherbe, du moins fera-t-il immense la part de son heureuse influence sur la langue. Après lui et par lui, les grands poètes de l’âge suivant ont pu impunément oser les hardiesses de leur génie. Il y a plus : de nos jours où l’esprit humain a si justement revendiqué sa liberté, que de fois les limites posées à la langue par Malherbe ont défendu contre leurs propres excès de nobles imaginations qui, si elles n’eussent rencontré cette digue, au lieu de féconder le champ de l’art, auraient stérilement jeté aux vents de précieuses facultés ?

Antoine de Latour.