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UNIVERSITÉS ALLEMANDES.

Hartz, et ces chroniques locales comme l’esprit poétique des Allemands en a créé pour chaque pays.

De jeunes filles s’en vont par un soir d’été chercher des fleurs au sommet de la montagne. L’obscurité vient. Minuit sonne ; elles s’égarent dans la forêt. Une porte d’airain s’ouvre devant elles ; elles entrent, et aperçoivent une troupe de géans avec la massue en main, qui gardent des vases remplis de pièces d’or. L’effroi les saisit, elles veulent fuir ; mais l’une d’entre elles, moins agile que les autres, reste en arrière, et la porte d’airain se referme sur elle, et la dérobe à ses compagnes.

Un étudiant s’asseoit au milieu des ruines de Plesse. Le sommeil le prend, la nuit tombe, un orage éclate. Il se réveille par une pluie effroyable, au bruit de la foudre, au sillonnement des éclairs. Pas un refuge ne s’offre à ses yeux, pas un guide n’est là pour lui montrer son chemin. Il s’effraie, il appelle les esprits à son secours. Tout à coup, il voit briller de loin une lumière ; elle s’approche, elle arrive près de lui, et un joli petit homme, un nain de la montagne, lui demande ce qu’il préfère, ou de s’en retourner immédiatement à Goettingue, ou de venir passer la nuit dans sa demeure. Le pauvre étudiant, mouillé jusqu’aux os, ayant faim et soif, accepte avec joie ce gîte inattendu, bien que le petit homme lui semble d’une nature assez singulière. Mais il se rappelle avoir lu dans Paracelse que Dieu, après avoir créé Adam et Eve, avait aussi créé des êtres intelligens qui n’ont ni chair, ni os, et tiennent le milieu entre l’ange et l’homme. Ainsi, il se résout à avoir bon courage, et arrive, en suivant les pas de son guide, au sein d’une grotte profonde taillée dans le cristal et étincelante d’or et de diamans ; là, se trouve réunie toute la famille du nain, sa femme, ses frères et sœurs, et une jolie jeune fille, qui n’a pas plus d’un pied et demi de hauteur, mais qui est charmante à voir. On s’asseoit à table, une table de roi, couverte des plus fins services de vermeil et d’un linge d’amiante damassé, blanc comme la neige. On y trouve des mets d’une saveur exquise, qu’aucun cuisinier royal n’indique, et l’on y sert une boisson délicieuse qui se recueille entre ciel et terre, mais dont les hommes ne connaissent malheureusement pas la source. Cette famille de nains a toutes les vertus simples et hospitalières des temps antiques. Quand les jeunes filles ont fait à l’étranger les honneurs de leur habitation, quand l’esprit de la montagne lui a porté un salut amical avec sa coupe d’or, on se jette à genoux, on prie, on rend grâce à Dieu de ses dons, et les deux fils du nain conduisent eux-mêmes l’étudiant à la couche qui lui a été préparée. Le lendemain matin, l’étudiant songe à sa pauvre petite chambre de Goettingue, à sa mauvaise pension, à son fatras de livres