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NAPOLÉON.

Ils ont ramassé leur orgueil.
Las dans leur chûte de descendre,
Ils ont retrouvé sous leur cendre
De leurs vengeances les charbons,
Et de leurs sceptres les tronçons.

Que faisaient-ils dans la poussière
À votre porte assis par terre,
Tremblans hier, sous leur manteau ?
Ils mendiaient le pain et l’eau.
À présent ils boivent sans peine
De faux sermens leur coupe pleine,
Et disent en léchant le bord :
Mon échanson, j’en veux encor.

— C’est bien ! c’est bien ! mais de colère
Mon cheval creuse sa litière.

— Comme un malade sans veilleur
Je vois, dans la nuit de son cœur,
Le monde troublé dans son rêve.
Il cherche en sa main votre glaive,
Il ne trouve rien que ses pleurs ;
Il cherche à son front vos lueurs,
Au fond de son cœur qui murmure
Il ne trouve que sa blessure.

Il songe tout haut quand il dort :
Amusons-nous puisqu’il est mort ;
Régnons sur nous comme Lui-même,
Et coiffons-nous du diadème.
Gardons-le bien dans son tombeau,
À la pierre mettons un sceau.
Si ses cendres étaient semées,
Il en renaîtrait mille armées.

— Assez, assez ; il faut partir,
Et tout l’univers conquérir.

Ney, vous marcherez sur l’Afrique,