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DES LÉGISLATIONS COMPARÉES.

L’histoire nous montre l’homme en action, et sa compréhension vivace nous préserve aussi des subtilités et du scepticisme de la spéculation uniquement abstraite. Dans l’histoire nous ne trouvons jamais l’homme abstrait, mais l’homme société, et dans la vie de l’humanité homme et société sont même chose.

Il suit que l’association est l’humanité même dans sa forme essentielle : il suit encore que les droits et les intérêts de l’association humaine sont supérieurs à tout, à toutes les formes relatives, éphémères, dont la valeur est empruntée à la forme essentielle et constante de l’association même. Donc avant l’examen de toute institution politique, il faut chercher les conditions véritables de l’association.

L’association humaine veut une règle, une action, des rapports justes entre ses membres, le développement progressif de ses générations : en d’autres termes l’association repose sur ces quatre points cardinaux, le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, la justice, l’éducation.

L’association établie, on peut entrer dans l’examen des formes historiques : les quatre formes principales que nous livre l’histoire sont la théocratie, la monarchie, l’aristocratie, la démocratie. C’est que l’humanité a été successivement préoccupée de quatre idées principales qui chacune ont, à une époque déterminée, dominé les autres et les ont contraintes à tourner autour d’elle en satellites obéissantes : l’humanité a cherché tour à tour à représenter dans ses institutions Dieu, l’unité politique, la supériorité morale, le peuple.


Théocratie 
Dieu.
Monarchie 
Unité politique.
Aristocratie 
Supériorité morale.
Démocratie 
Peuple.


L’histoire connue, on peut chercher à déterminer les principes constitutifs de la sociabilité humaine, non pas seulement d’après les leçons du passé, mais encore avec la connaissance de l’homme, la conscience du siècle, et le pressentiment de l’avenir : on peut chercher comment la société sera pénétrée par la pensée même,